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A R C H I V E S

16 mai 2024 4 16 /05 /mai /2024 15:10

Quelques réflexions sur Gaza, les étudiants,
le génocide et les commentateurs

Quelques réflexions sur Gaza, les étudiants, le génocide et les commentateurs

Depuis l'horrible pogrom du Hamas le 7 octobre, puis la violente réaction du gouvernement israélien, les injonctions à prendre position pleuvent, comme les bombes à Gaza. Ne pas soutenir Israël serait une forme d'antisémite et soutenir les Palestiniens serait être un suppôt de l'islamogauchisme wokiste ou pire du Hamas.

Cette obligation à prendre parti repose principalement sur l'émotion légitime. D'abord, le 7 octobre nous a laissés sidérés par la violence, la sauvagerie, l'ampleur de l'attaque : massacre de civils, femmes, enfants, vieillards, de jeunes en plein festival de musique. Les images d'otages ensanglantés exhibés comme des animaux, des trophées de chasse, ont profondément choqué par leur inhumanité. Et 7 mois après, la réponse militaire israélienne, les bombardements massifs, les destructions systématiques, les enfants et les femmes bombardés et affamés par le blocus du ravitaillement constituent des crimes de guerre effarants. Le bilan des morts, qu'il soit de 20, 30 ou 40 000 morts, voire plus, est monstrueux, La moitié de la population de Gaza a moins de 18 ans, alors que les combattants du Hamas ont les tunnels pour s'abriter ce qui n'est pas le cas des civils.

Mais face à ces injonctions politiques ou médiatiques à prendre parti et à diaboliser le camp d'en face, quitte à se faire instrumentaliser, nous ne devons pas oublier qui sont les protagonistes de cette nouvelle guerre :

Les Frères Musulmans, maison mère du Hamas, ont assassiné Anouar El Sadate parce qu'il avait signé la paix avec Israël. Le Hamas a dans sa charte l'éradication de l'État d'Israël et l'établissement de la Charia en Palestine. Il fait régner à Gaza la terreur la plus féroce. En Israël, démocratie réelle, c'est la droite dure et l'extrême droite qui dirigent le gouvernement. En font notamment partie les ministres Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, héritiers du parti raciste et suprémaciste juif du Rabin Kahane, celui qui appela au meurtre de Yitzhak Rabin pour avoir signé en 1995 les accords d'Oslo. Benyamin Netanyahou aussi a toujours combattu Yitzhak Rabin, la solution à deux États et les accords d'Oslo. D'ailleurs, un chiffre est rarement cité dans les médias : au moment de la signature des accords d’Oslo, il y avait 150 000 colons en Cisjordanie occupée. Aujourd'hui, 30 ans après, ils sont 800 000, qui occupent une Cisjordanie devenue une peau de chagrin. Cette colonisation méthodique depuis 30 ans, portée par tous les gouvernements successifs, bloque de fait la création d'un État palestinien, ce qui doit tous nous interroger sur la politique d'Israël depuis 30 ans.

Ce sont aujourd'hui deux courants politiques extrémistes qui s'affrontent : le Hamas d’une part, la droite et l’extrême-droite israéliennes d’autre part. Ils font tout pour creuser le plus profondément possible le fossé déjà bien large entre les Israéliens et les Palestiniens. Ce qui se passe depuis le 7 octobre découle de politiques voulues et assumées des deux côtés, sans aucune perspective de paix. Au-delà de l'émotion légitime face aux morts des deux camps, je me contenterai d' analyser certains points saillants du traitement médiatico-politique de cette guerre.

Dans cette période, deux éléments marquants ont attiré mon attention sur le plan médiatique et de la communication politique :

Commet le mouvement étudiant à Science Po, en réalité un micro mouvement d'une centaine de personnes qui bloquent l'établissement parisien accompagné  de quelques mouvements dans les Sciences Po de province, a-t-il pu occuper le devant de la scène médiatique de façon si massive? Dès le début du mouvement, c'est la venue du Premier ministre Gabriel Attal qui a mis en lumière ce petit mouvement étudiant, Attal venu dénoncer des faits « antisémites » suite à la rumeur selon laquelle une étudiante juive aurait été exclue d'un débat sur Gaza. Une enquête a été ouverte et aujourd'hui, rien de concret n'étaye cette thèse. Il s'agirait plutôt d'une friction entre étudiants au sujet de la diffusion d'images de manifestants sur les réseaux sociaux. Quant au procès fait aux étudiants de Science Po d'être des fils de riches, futurs bobos en manque d'émotions fortes, c'est là aussi méconnaître l'évolution de cette école dont la moitié des étudiants sont étrangers, et où les boursiers constituent une part importante de l’effectif étudiant. 

La deuxième phase a consisté à diaboliser la petite manif devant Science Po, où des « mains rouges » ont été levées pour dénoncer le bain de sang à Gaza . Les chaînes info ont vu là l’islamisation du mouvement et une référence directe au lynchage à Ramallah de deux réservistes israéliens en 2002, événement très connu en Israël et beaucoup moins en France. On a vu entre autres BHL, Robert Ménard (le maire facho de Béziers) ou encore Julien Dray cracher leurs venins sur ces « étudiants incultes, islamo-gauchistes et woke » reprenant selon eux ce symbole antisémite si connu, et cela à longueur de plateaux. BHL et Ménard oublient qu'a leur âge, il y a bien longtemps, ils étaient eux maoïstes, rêvaient d'une Révolution culturelle chinoise en France, Ménard a même pleuré à la mort de Mao, c'est lui qui le raconte! Quant à Dray, qui ne sévit plus que sur la chaîne de Bolloré, CNews, il fut longtemps un trotskyste partisan de la Révolution mondiale, rentré au PS pour le nettoyer de l'intérieur. Ont-ils donc oublié leurs erreurs de jeunesse, ou sont-ils simplement devenus des « vieux cons » comme le chantait Brel en parlant des bourgeois?

Cette histoire de « mains rouges » dénote l’inconsistance des médias qui l'ont relayée, ou pire leurs partis-pris. Quand on sait les manifestants anti-Pinochet ont utilisé ces fameuses mains dès les années 1980, que Instinction Rebelion les utilise régulièrement dans ses manifs, sans que personne ne s'en offusque, et surtout que huit jours avant la manifestation devant Sciences Po, les parents d'otages eux-mêmes ont manifesté à Tel-Aviv contre leur gouvernement les mains levées barbouillées de rouge pour l'accuser d'avoir le sang des otages sur les mains, on s'interroge sur « l'objectivité » de certains médias qui, comme CNews, BFM, ou LCI, ont été en pointe dans cette infox.

Alors pourquoi faire ce faux procès aux étudiants de Science Po, dont d'ailleurs la mobilisation est très minoritaire, n'a pas gagné pour le moment d'autres franges de l'Université ou des lycées et a même connu un échec important avec la manifestation interuniversitaire devant le Panthéon avec seulement d200 manifestants présents. On est très loin en France du mouvement qui traverse les universités américaines, malgré ce que voudraient nous faire croire le gouvernement et ses relais.

Le bon sens aurait été de rappeler que les mouvements dans les facultés sont constitutifs de la vie étudiante, que la finesse d'analyse et la pondération ne sont pas traditionnellement les marqueurs principaux de ces mouvements et que, globalement en France, tant dans les universités que dans la rue, notre modèle universaliste et républicain nous a évité des débordements rencontrés ailleurs en Europe – en particulier au Royaume-Uni ou en Allemagne avec des mouvements populaires très importants avec clairement des slogans islamistes. Enfin, qui peut reprocher aux jeunes d'être sensibles à la situation des Palestiniens à qui on promet un pays depuis 1948 et aux images quotidiennes de massacres et des bombardements à Gaza ?  Même maladroits et excessifs, les jeunes mobilisés dans les manifs et les mobilisations font preuve d'humanité.

Autre sujet et pas des moindres : l'acharnement de certains à vouloir qualifier de « génocide » les massacres de civils et les destructions en cours à Gaza. Sur le plan du droit international, il a été évoqué un risque génocidaire et non un génocide avéré, sachant que la définition du génocide en droit international est large. Comme je ne suis pas juriste, et encore moins juriste international, je m'en tiendrai à la sémantique politique et à la compréhension du mot « génocide » partagée et comprise par tout un chacun.

L'opinion connaît les trois génocides du XXe siècle : celui des Arméniens, celui des Tutsis au Rwanda, et bien sûr la Shoah, le génocide du peuple juif avec ses six millions de morts. Alors pourquoi qualifier de génocide les combats à Gaza, alors que les 500 000 morts en Syrie de Bachar El Assad ou encore les centaines de milliers de morts au Darfour et au Soudan n'ont jamais appelé une telle qualification, pour ne citer que des événements contemporains dramatiques?

Tout le monde sait peu ou prou que l'État d'Israël a été créé après la Seconde Guerre mondiale pour donner un pays, un refuge, aux rescapés de la Shoah. Israël est le résultat direct du génocide juif par les Nazis en l'Europe, auquel d'ailleurs tous les pays occupés ou alliés de l'Allemagne avaient plus ou moins collaboré. C'est bien à cet élément historique connu de tous que les tenants du terme « génocide » tentent de s'attaquer, consciemment ou non.

Diviser l'ancienne province Ottomane de Palestine, sous mandat britannique depuis la fin de la Première Guerre mondiale, en deux États, l'un juif, l'autre arabe, était apparemment faire preuve de sagesse, Les Juifs et les Arabes (musulmans et chrétiens) y cohabitaient plus ou moins bien depuis toujours, dans des proportions diverses en fonction des époques. Malheureusement, les États arabes voisins ne l'ont pas accepté. Ce furent alors guerre de 1948, leur défaite cuisante, et la Nakba, l'exode de 800 000 palestiniens. La suite on la connaît malheureusement...

Le débat actuel sur le « génocide » à Gaza, prend naissance dans les conditions mêmes de la création de l'État hébreu.  Établir une équivalence entre le génocide des Juifs et le « génocide » actuel des Palestiniens, c'est en réalité essayer de délégitimiser l'État Juif issu d'un véritable génocide, en faire même artificiellement un État qui deviendrait à son tour un état génocidaire, c'est provoquer une mise au ban de la communauté internationale et légitimer toutes les attaques contre lui, à l’instar de celle du 7 octobre perpétrée par le Hamas. C’est ce jeu pervers que jouent  l'Afrique du Sud et quelques autres États du Sud global qui ont porté ce dossier devant la cour de La Haye. Construire ce parallèle est extrêmement grave. C'est volontairement créer une confusion dans l'esprit des populations, c'est une négation de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, c'est de fait banaliser la Shoah en la ramenant à « massacre parmi d'autres ». Par cette figure sémantique, on touche à la racine même de l'antisémitisme actuel, qui consiste à relativiser le génocide des Juifs et donc à contester leur droit des Juifs d’avoir un État : les deux grands leitmotivs de l'antisémitisme contemporain.

Antisémitisme que je ne confonds pas avec l'antisionisme qui est à mon sens le refus de voir la Bible Hébraïque être considérée comme opposable à tous par son évocation du Grand Israël allant « de la rivière à la mer », donné au Peuple élu par Dieu en personne. Tel est le discours des partis dits messianiques en Israël, partis des colons, qui bénéficient aux États-Unis d’un soutien très important de la part des Évangélistes, qui forment d’ailleurs le gros des troupes de Trump. Mais c’est aussi le discours de Benyamin Netanyahou et du Likoud, qui ne cachent pas leur opposition à la solution à deux États et leur soutien à la colonisation, un objectif politique, sinon divin.

Le débat sur le slogan palestinien « de la rivière à la mer », largement agité en France dans les médias, est partagé par l'actuel gouvernement israélien dont la politique à Gaza, en rendant le territoire inhabitable, et en Cisjordanie occupée par la colonisation, relève d’une politique sioniste visant la création d’un Israël allant du Jourdain à la Méditerranée. On aimerait entendre cet objectif condamné plus souvent par nos politiques de droite comme de gauche et par les commentateurs politiques, si prompts à fustiger les étudiants qui, sans trop réfléchir, ont eux aussi entonné ce slogan mais pour la Palestine devant Sciences Po.

En conclusion

En France, la classe politique, de LFI au RN, répète comme un mantra bien pratique qu’elle soutient la solution à deux États. Rien de très nouveau, puisque c'est la position de l'ONU depuis 48 et la création de l'État d'Israël, reprise dans les accords d'Oslo il y a presque 30 ans. Personne ne dit comment parvenir à la création de deux États et chacun, en fonction de sa sensibilité politique, accuse les autres de soutenir ceux qui auraient conduit à l'échec du plan d'Oslo. Un vrai combat de sourds, mais pas de muets.

Il nous faut continuer à espérer que la solution à deux  États reviendra sur la table des négociations dans un proche avenir, une fois la guerre finie. Espérer que la démocratie israélienne chassera du pouvoir les extrémistes actuels et que l'Autorité palestinienne, discréditée dans sa représentation démocratique et rongée par la corruption se réformera et sera enfin crédible.

Il restera deux grands défis à relever avec l'aide de la communauté internationale : décoloniser les territoires palestiniens occupés par Israël, et en finir avec le terrorisme des milices islamiques pour l'Autorité Palestinienne . C'est à ces deux conditions que la Paix pourra être négociée entre Israël et les Palestiniens. On peut toujours espérer ...

 

Michel Teychenné

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24 juillet 2022 7 24 /07 /juillet /2022 14:30

CAROLINE FOUREST :
De mal en pis, et c'est dommage...


Avant j'aimais bien Caroline Fourest, mais c’était avant : depuis un bon moment elle tourne au disque rayé... Elle fut plus pertinente avec des analyses très fines sur l'extrême droite ou son combat contre l'homophobie. Depuis sa collaboration avec LCI, la chaîne de la droite « Béton et Figaro », et son engagement aux côtés du porte-coton de la Macronie Christophe Barbier dans l'hebdomadaire Franc Tireur, que l'homme à l'écharpe rouge (même en pleine canicule) présente comme un « pamphlet contre l'extrémisme, l'obscurantisme, le wokisme, les antivax et la cancel culture » depuis quelque temps déjà, Caroline Fourest, avec son universalisme à géométrie variable, m’a conduit à modérer mon engouement, que la lecture de l'article que voici a achevé :
 

 
Caroline Fourest reprend dans cet article tous les clichés de la bourgeoisie germanopratine macronisée, très offusquée qu'elle est de ne plus être l'arbitre des « élégances de gauche comme il faut ». Elle passe aujourd'hui son temps à fustiger la NUPES et LFI, trop populaires et tellement vulgaires, d'ailleurs traitées dans cet article de guesdistes le couteau entre les dents – ce qui n'est pas une insulte, mais un courant historique du socialisme ouvrier, sauf à faire un anachronisme historique . Elle reprend à son compte le refrain des deux gauches irréconciliables inventé par le grand philosophe internationalement trop connu Manuel Valls.


Quoiqu’en disent Valls et Fourest, c'est bien Jaurès qui a rassemblé les divers courants socialistes, dont les guesdistes. Ce fut sa grande œuvre. Caroline Fourest a donc, pour servir sa théorie fumeuse, de curieux oublis franchement coupables en ce qui concerne l’histoire de la gauche … Jamais les gauches n'ont été irréconciliables, et elle le sait très bien. C'est la grande leçon et l'héritage de Jean Jaurès le rassembleur, la grande leçon de 1936, de 1981 et 1997. À coller à la doxa vallssienne, la « combattante de la Laïcité » tourne à la « Mère supérieure du couvent de la  Très Sainte Gauche dite Républicaine», quitte à réécrire l'histoire. Fourest et Valls sont en pleine cancel culture !

Voyons les autres arguments de Caroline Fourest : 

Qualifier de « rescapée » une Première ministre renommée après une démission serait antisémite ? Le père d’Élisabeth Borne fut un rescapé de la Shoa, et Mme Borne est elle-même une rescapée de la politique, renommée par Macron après un échec électoral, comme si rien ne s'était passé aux élections législatives. En français, les mots ont un sens : que l'on soit rescapé(e) d'un naufrage maritime ou électoral, on est un ou une rescapé(e), en français dans le texte. Caroline Fourest serait-elle devenue un peu woke, de ceux qui aiment tant expurger le vocabulaire courant?

Dire que Macron a voulu « honorer Pétain » serait scandaleux ? C'est pourtant vrai, et de nombreuses associations juives ont vertement et à juste raison réagi en 2019. Que Macron honore le « grand soldat Pétain » et le distingue du « Pétain de 1940 » est scandaleux pour celui qui est en charge de la République. C'est simplement oublier que la République a condamné le « grand soldat » à la perte de tous ses titres et honneurs militaires. Lors de son procès en 1945, il fut frappé d’indignité nationale. Et c’est aussi oublier bien vite que cet antidreyfusard de Pétain fut de tout temps un antisémite viscéral, lecteur assidu de l'Action Française, et qu’il refusa de serrer la main du Général André qui avait prouvé « pour l'honneur de l'Armée », par une enquête minutieuse sous ses ordres, que Deyfus était innocent, ce qui permis sa réhabilitation. Drôle de façon de lutter contre antisémitisme !

Inviter Corbyn, injustement accusé d’antisémitisme « à titre personnel » et rétabli dans son honneur par le Labour lui-même, après des polémiques internes au Labour sur un antisémitisme systémique, serait un acte qui discréditerait les députées Obono et Simonet, et cela malgré leur présence aux commémorations du Vel d'Hiv ? Mais peut-on encore en France critiquer la politique de violence et de colonisation de l'extrême droite israélienne qui a été au pouvoir pendant une décennie sans se faire accuser antisémitisme? Condamner les colonies, la spoliation des terres palestiniennes, ou souhaiter un État pour les Palestiniens, serait être donc antisémite ? Alors une bonne partie de la gauche israélienne est antisémite si on suit la logique de Fourest.

Enfin, que Macron fricote avec le vicomte du Puy du Fou, trouve des qualités littéraires à Maurras ou reprenne il y a quelques jours le concept de « nation organique » fondateur du fascisme italien ne pose pas de problème, ne soit nullement dénoncé par Caroline Fourest, qui est une spécialiste reconnue de l'extrême droite française et européenne, me laisse interrogatif sur son objectivité et ses méthodes de travail de journaliste. 

Macron est pourtant abonné à la banalisation coupable de l'extrême droite. N'a-t-il pas à l'occasion des dernières législatives, sur le tarmac devant son  avion avant de faire sa grande tournée diplomatique, tiré un signe égal entre la NUPES et le RN? A-t-il lancé, lors du second tour des législatives, « Pas une voix aux candidats RN ? Non, trois fois non ! S’ensuivirent une cacophonie au gouvernement et à Ensemble, et un lourd silence à l'Élysée. Silence d'autant plus coupable que les thuriféraires de ce même Macron et la presse « main stream » avaient trouvé Mélenchon pas assez clair, bien qu’il ait répété trois fois au soir du premier tour de la présidentielle « Pas une voix au RN » ! 

Beaucoup de gens de gauche qui comme moi ont voté Macron pour faire barrage à Marine Le Pen se sont sentis « cocus » et « pas vraiment contents » face au spectacle de ce président qui a fait la courte échelle au RN aux législatives. Une claque que beaucoup ne sont pas prêts d'oublier. Ce fut « silence radio » chez les soi-disant « républicains de gauche » comme Caroline Fourest et quelques autres comme le « Printemps républicain » alors que Macron et Ensemble venaient d'enterrer le Front Républicain qui, malgré un certain essoufflement, avaient permis à Macron d'être élu Président de la République six semaines auparavant, et d’ éviter il y a quelques mois que quatre ou cinq régions ne tombent dans l'escarcelle du RN. Excusez du peu !

Cela n'a rien d'anecdotique, c'est une rupture politique majeure. Rupture qui a donné une grande partie de ses 89 députés au RN, à la plus grande surprise de Marine Le Pen et de la direction du RN. Une « divine surprise » aurait dit Maurras en d'autres temps. En réalité, un choix politique de Macron pour éviter une trop forte poussée de la NUPES, une stratégie politique à court terme dramatiquement irresponsable, mais voulue et pensée comme telle par la start-up macroniste. La forme moderne de « après moi le déluge » d'un Louis XV finissant, et aujourd'hui d'un président non rééligible. 

Le dernier clou dans le cercueil du Front Républicain a été l’élection de deux vice-présidents RN à l'Assemblée Nationale avec les voix des macronistes d'Ensemble, alors que rien ne justifiait que le RN obtienne deux vice-présidences, une seule eut été bien suffisante et bien assez républicaine. Aucune réaction là non plus de la « gauche républicaine en pantoufles » . Ces nouveaux tartuffes passent tout à Macron et à Ensemble, et préfèrent utiliser leur énergie à diaboliser la NUPES en général, et LFI en particulier, en utilisant les pires éléments de langage fournis par les cabinets de communicants de la Macronie. 

On a connu Caroline Fourest mieux inspirée, et plus combative contre l'extrême droite qui, ne lui en déplaise, reste raciste et antisémite. Simplement, dans le discours de l’extrême droite, « le météque" et « le juif »" chers à l'Action Française ont été remplacés par « l' arabe » et « le musulman » si chers à l'OAS. C'est ce vieux fonds de commerce rance qui a été ripoliné par le Marinisme actuel. J'en veux pour preuve le discours du doyen d'âge du RN prononcé pour ouvrir la mandature, et ses commentaires odieux sur l'OAS et la guerre d'Algérie qui ont suivi et n’ont été nullement désavoués par Marine Le Pen et ses sbires.

J’en veux aussi pour preuve, Edwige Diaz, alors porte-parole de la candidate devenue depuis nouvelle députée de la Gironde, intervenant en duplex pour LCI depuis les locaux du parti avec derrière elle, une affiche où l’on peut lire distinctement : «Le parti ne te doit rien, tu dois tout au parti» : la devise du très fasciste et très collaborationniste Parti populaire français de Jacques Doriot. Ou encore Louis Alliot qui nomme une place de Perpignan du nom d'un ancien responsable de l'OAS. Les exemples de ce genre sont floppée.

Il faut aussi évoquer l'immense service rendu par Zemmour et CNews-Bolloré pour décomplexer le discours d'extrême droite et donc recentrer  le RN, devenu mécaniquement moins pire que le très pire Zemmour.

Pourtant, les fondamentaux restent les mêmes chez Le Pen et Zemmour, et quand 42 % des français votent pour Marine Le Pen à la présidentielle, il y a beaucoup de souci à se faire pour l'avenir de la France et de la République ! Le vrai danger est bien là.

Le « Marinisme » franchouillard, c'est la même politique que celle des amis de Marine Le Pen, les Orban, Trump, Salvini, des autres franquistes de Vox en Espagne ou les néofascistes Fratelli d'Italia, qui sont d'ailleurs donnés gagnants aux futures élections italiennes. Le Marinisme, c'est du facho-populisme financé par les réseaux de Poutine. 


Et pourtant, que Macron serve la soupe et de marchepied aux marinistes n'inquiète pas Caroline Fourest, pour laquelle le vrai danger c'est la NUPES et LFI... Curieux aveuglement qui ne peut être que volontaire, pour celle qui connaît si bien l'extrême droite, son danger et ses obsessions récurrentes.

Je citerai pour terminer le président Faure, Edgar pas Olivier : « Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent ». Il est vrai qu'avec le temps, la « Cour du Prince » finit souvent par avoir bien des d'attraits, surtout quand on dirige le journal Franc Tireur, qui perd des lecteurs et de l'argent à grande vitesse.. Comme son ami le gyrovague Valls, Caroline Fourest a retourné sa veste…

Dommage, on t'aimait bien Caroline, mais ça c'était avant !



Michel Teychenné, le 22 Juillet 2022
 

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6 juin 2022 1 06 /06 /juin /2022 12:38

Quelques réflexions sur les législatives en Ariège et ailleurs,
ou le fantôme de Manuel Valls


 




La politique racontée aux enfants

Carole Delga est venue en Ariège soutenir deux candidats et nous parler d'une époque révolue, dont elle est visiblement nostalgique. L'époque du cumul des mandats où le député était aussi élu local, et où on mélangeait volontairement le travail de maire, de conseiller général, de conseiller régional et de parlementaire. L’époque des fiefs électoraux et des barons locaux, l'époque du clientélisme roi aussi. C'est par la loi que la gauche a mis fin en 2014 à cette aberration démocratique. Carole Delga devrait s'en souvenir : elle était députée, puis elle fut même un temps Secrétaire d'État par la volonté de son mentor en politique nationale, le trop fameux Manuel Valls. 


Au collège, on apprend que le député vote les lois, contrôle le gouvernement représente sa circonscription à Paris. Il y a quelques années, on a fort justement supprimé pour cause d'abus de « copinage et favoritisme » les fonds des réserves parlementaires, qui permettaient aux députés de financer des projets locaux. Depuis 40 ans, avec la décentralisation voulue par François Mitterrand, ce sont les mairies, les communautés, les départements et les régions qui gèrent ces dossiers locaux et régionaux – des routes au développement économique, des écoles aux lycées, de l'eau aux déchets, de l'urbanisme à l'aménagement du territoire, etc. 

Les maires et présidents des collectivités veillent jalousement sur leurs compétences, c'est le moins qu'on puisse dire, et ils ont raison. Je n'ai jamais vu un député signer un Contrat de plan avec l'État. Carole Delga et Christine Téqui devraient le savoir, elles qui les négocient et les signent ou contresignent. Je suppose donc qu'elles sont capables de défendre leurs dossiers auprès des préfets, des ministres et de l'Union Euopéenne sans demander l'autorisation aux députés… Il faudra qu'elles expliquent cela à leurs deux candidats, qui visiblement ne le savent pas et font des promesses qui, bien qu'électorales, ne sont pas du domaine et de la responsabilité d'un député. Cela montre soit qu'ils ont séché les cours d'instruction civique au collège, soit qu'ils nous enfument avec aplomb et ténacité.

On n’est plus à l'époque de la IIIe République, où le député « montait à Paris » en train pour la session parlementaire dans le cadre d’une véritable expédition de trois mois, apportant dans ses valises quelques dossiers locaux pour ses amis politiques. Depuis, on a inventé le téléphone, l'avion et même Internet, ce qui facilite le contact direct des élus régionaux avec les administrations centrales et les cabinets ministériels. Les ministres reçoivent plus facilement un président de département ou de région qu'un député pour un dossier de leur territoire. Raconter l'inverse est nous prendre pour des arriérés, ou pire des imbéciles. Il est pathétique que des élus fassent croire, après 40 ans de décentralisation, que c’est le député qui finance et porte les projets locaux. 

Par contre, le rôle du député est central pour voter les lois au service des électeurs (ariégeois) dont il porte la voix dans l'enceinte de l'Assemblée Nationale. Le terrain du député, c'est l’Assemblée Nationale, ses Commissions. Son travail au sein de son groupe est de faire la loi, de préparer les amendements, de rencontrer les associations, collectivités et syndicats concernés dans sa circonscription et ailleurs. C’est de combattre et bloquer les mauvais projets, de défendre ses électeurs, les services publics et les conquêtes sociales. Et non pas de s'occuper des nids-de-poule, de réparer la toiture du collège, d'installer la fibre ou de développer le tourisme ou l'économie de proximité. Ça, c’est votre travail, Mmes Téqui et Delga ! 60 % des électeurs ne se sont pas déplacés pour voter aux Départementales et aux Régionales, même mal élues, vous avez été élues pour ça. 

En France, il n'y a pas de loi ariégeoise ou occitane. Cette vision de la politique nationale ramenée au niveau du département ou de la région est une fiction, c’est la politique racontée aux enfants. Michel Larive et Bénédicte Taurine ont toujours aidé les maires qui leur demandaient des conseils ou de l’aide, tant auprès du préfet que des ministères. Mais soyons clairs : ce n'est pas le rôle principal et le plus efficace du député. 

Bref, un programme électoral pour les Législatives ne se fait pas pour un département ou pour une région, mais pour la Nation dans son ensemble. Quand on se dit républicain(e), on le sait, et on ne raconte pas le contraire. 

Un programme national de gauche, c’est ce que proposent le PS, le PCF, EELV, Génération.S et La France Insoumise avec le programme de la NUPES, pour la France et donc pour l'Ariège, et pas l'inverse. Le député peut aider, comme je l'ai déjà dit (faut-il encore le lui demander), surtout quand il est dans la majorité et pas dans l'opposition. Quant aux candidats dissidents du PS, soutenus par Carole Delga, François Hollande ou Bernard Cazeneuve, ils ne sont présents que dans à peine 10 % des circonscriptions, incapables qu'ils ont été de trouver des « candidats dissidents » pour les 577 circonscriptions ! Ces candidats dissidents sont en prime majoritairement rattachés financièrement au Parti Radical dit de Gauche, à savoir le Parti de la famille Baylet, comme par hasard... Dès avant l'élection, ces candidats dissidents se sont donc déjà marginalisés, divisant la gauche. Il faut parfois savoir regarder au-delà des frontières du département pour comprendre les petits jeux locaux à la lumière des petites manoeuvres nationales...

En revanche, pour les candidats NUPES, la victoire est possible, parce que 80 % des électeurs de gauche veulent l'union, et depuis longtemps. Si on se mobilise (et les sondages montrent qu'il y a une dynamique à gauche), les candidats de la NUPES peuvent être majoritaires à l'Assemblée Nationale et imposer une cohabitation à Emmanuel Macron. Dans tous les cas, ils constitueront un inter-groupe important et puissant, qui pourra peser contre la politique du gouvernement et mieux nous protéger d'un président qui ne sera pas rééligible dans cinq ans, et sera donc capable de tous les excès. 

Le terrain pour un député, c'est l’Assemblée Nationale. Sa mission n’est pas de jouer les super-conseillers départementaux ou régionaux, n'en déplaise à la présidente de la Région et du Département. En Ariège, les députés Michel Larive et Bénédicte Taurine ont « fait le boulot » à l’Assemblée Nationale. Tous les observateurs ont salué le travail, la présence et l'action des 17 députés de La France Insoumise. En Ariège aussi, ils ont pris part aux combats sociaux ou environnementaux. Combats qu'évitent consciencieusement les candidats de Mmes Delga et Téqui, plus habitués aux petits-fours du Conseil Départemental, aux « coupures de ruban » et autres « poses de première pierre» en compagnie du ban et l'arrière-ban des notables et notabliotes qu'aux manifestations de la population dans la rue et aux combats sociaux ou environnementaux. 

La spécialité de Mme Téqui et des socialistes ariégeois est de manifester seulement avec le très à droite et pas mal excité Jean-Luc Fernandez, patron local du lobby national des chasseurs, aux côtés des très " écologistes" représentants de la FNSEA-Chambre d'agriculture, défenseurs du glyphosate, des pesticides et de l'agriculture industrielle. Comme encore ce vendredi à Saint Girons devant la gendarmerie, contre une enquête de la justice pour « chasse dans une réserve». Beaucoup en Ariège n'ont pas oublié quand certains élus, chasseurs et membres de la FNSEA ont bloqué, puis franchement menacé, le Forum des associations environnementales du département à La-Bastide-de-Sérou. J’étais présent en spectateur, et ce fut pour moi un grand moment de honte pour ces élus, pour l'image de mon département. Avec en point d'orgue d'entendre hurler « On est chez nous ! », slogan pourtant bien connu du FN, entonné par cette foule hargneuse. Heureusement, la préfète avait prévu assez de Gardes Mobiles pour protéger les participants pacifiques, mais très choqués, à ce Forum où il n'était même pas question de l'ours, mais d'écologie en général ! Drôle conception de la démocratie, de la liberté de réunion et d'information. 

L'héritage de Valls malgré tout

Les électeurs de gauche n'ont pas oublié les années Hollande avec le « social-libéralisme », et cette « gauche de droite » incarnée par le gouvernement Valls puis Cazeneuve, que Mmes Delga et Téqui soutenaient. Tout comme, pendant la primaire, elles avaient soutenu Manuel Valls. Carole Delga avait été très active en organisant, notamment, un grand meeting à Colomiers alors que, depuis longtemps, elle participait régulièrement aux réunions du courant pro-Valls, les Réformateurs.


Mmes Delga et Téqui se veulent aujourd’hui les héritières socialistes des idées de Manuel Valls en reprenant par exemple à leur compte le concept fumeux des « deux gauches irréconciliables », inventé par le gyrovague Manuel. Ce concept creux, qui a fait long feu, est démenti par toute l'histoire de la gauche, qui a toujours gagné quand elle a su se rassembler sur un projet commun, malgré des divergences bien plus profondes qu'aujourd'hui. De Jean Jaurès au Front populaire, puis en 1981 ou en 1997, il n'y a jamais eu de gauches irréconciliables. L'Histoire le démontre et, une fois de plus avec la NUPES, la gauche a, comme le souhaite l'immense majorité de ses électeurs, su se rassembler, n'en déplaise aux candidats dissidents qui reprennent les arguments des macronistes et de la droite contre la NUPES .Ce week-end, les électeurs français vivant à l'étranger se sont rappelés aux bons souvenirs de Manuel Valls et de ses amis en l’éliminant dès le premier tour des législatives, et en portant la NUPES au second tout dans 10 circonscriptions sur 11.

Cela à l’heure où Carole Delga s'imagine un destin national en 2027, ce qui est parfaitement son droit mais qui agace profondément Hollande et Cazeneuve, qui eux s'y voient aussi. Tous trois veulent jouer le premier rôle dans « Perrette et le pot au lait du social-libéralisme en 2027 ». Il s'agit donc pour eux à l'occasion de ces élections législatives de marquer leurs différences, d'exister un peu dans la presse nationale, et d'essayer incarner et de rassembler ce qu'il reste de l'aile droite du PS non encore déjà passée avec armes et bagages chez Macron . Tout ça pour ça, me direz-vous… 

La politique politicienne est souvent désespérante, et c'est bien triste. On aurait espéré que ces gens jouent plus collectif, mais ce n'est pas très grave. Les électeurs de gauche n'ont pas une mémoire de poisson rouge, ils n'ont pas oublié leur politique plus libérale que sociale quand ils étaient tous trois aux affaires de l'État. 

Plus il y aura de députés NUPES à l’Assemblée Nationale, plus ils seront efficaces. Voter pour les candidats soutenus par Mmes Delga et Téqui, c’est faire un vote inutile, c'est faire cadeau de la division aux candidats de La REM et du RN. C'est voter pour des candidats dont les « valeurs socialistes » sont pour le moins « élastiques », comme celui de la seconde circonscription soutenu officiellement par Philippe Calléja, ancien président des Républicains 09 et soutien de Fillon en 2017… Tout un programme ! 

En 2022, pour les Ariégeoises et Ariégeois, le vote utile, c’est le vote de gauche. Voter pour l'espoir et la résistance, c'est voter pour les candidats de la NUPES. En Ariège comme dans la France entière. 


Michel Teychenné
Le 6 juin 2022

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1 juin 2022 3 01 /06 /juin /2022 12:18

Dans La Dépêche du Midi
Quand le PS ariégeois se tire une balle dans le pied...
 

 

 

 

 



En décembre, le PS local avait déroulé le tapis rouge à Martine Froger et Laurent Panifous, les investissant candidats aux législatives sur la 1ère et 2ième circonscription. À l’époque, le scénario se dessinait simplement : chacune des composantes de gauche jouerait sa petite musique. Le premier tour de l’élection présidentielle a douché les dernières espérances. La naissance de la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) a fini par fracturer définitivement la gauche ariégeoise, qui, à l’unisson de la région s’est affranchie des directives nationales. Résultat : Michel Larive, député sortant, candidat à sa propre succession, peut se prévaloir du soutien du PS… national. Le député de La France Insoumise ne manque d’ailleurs jamais de le rappeler : "LaNupes, c’est ce que veulent les Français depuis 25 ans". Le PS local, lui, ne goûte guère la plaisanterie et le vieil adage politique "Occupez-vous de mes ennemis, mes amis je m’en charge" prend, ici, une saveur singulière. Ainsi Henri Nayrou, ancien président du conseil départemental et député (1997-2012) explique : "Je ne suis ni soumis, ni insoumis. Je suis un citoyen ariégeois de gauche qui n’approuve pas le choix de l’apparatchik en chef du PS d’être allé à la soupe servie par M. Mélenchon". Difficile d’être plus clair. Quant à la rengaine "Mme Taurine et M. Larive ont été davantage députés Insoumis que députés de notre département, en se réfugiant derrière leurs casquettes d’opposants", elle fait florès aussi à droite et dans les rangs de la majorité présidentielle.

Pour autant, certains socialistes comme Michel Teychenné (Ndlr ; député européen entre 2008 et 2009) savoure cette union de la gauche. Et tire à vue sur Laurent Panifous en apprenant que le candidat de la majorité régionale et départementale avait aussi eu le soutien de Philippe Calleja, le maire de Saverdun, lors d’une réunion publique. Le plus célèbre des opposants à André Trigano lorsqu’il siégeait encore au conseil municipal de Pamiers s’interroge : "Comment un candidat soi-disant attaché aux "valeurs du socialisme peut-il tenir une réunion commune et accepter le soutien d’un élu de la droite dont toute la carrière politique en Ariège et au conseil régional a consisté à combattre la gauche, et le Parti socialiste en particulier ? Pour avoir pratiqué Philippe Calleja pendant longtemps à la Communauté de communes de Pamiers et comme parlementaire européen de l’Ariège, je peux dire que l’homme est un authentique représentant de la droite, intelligent, souvent sympathique, mais viscéralement de droite". Jamais avare de commentaires, Michel Teychenné en rajoute mais change sa mire. "Quant aux valeurs socialistes, dont Jean-Christophe Bonrepaux nous rebat les oreilles comme seul argument à sa dissidence ainsi qu’à son opposition à l’union de la gauche et à la Nupes, elles prennent un sacré coup sur le nez avec ce tandem Calleja-Panifous !"

Alors que les communistes et Génération. S ont déjà rallié le candidat de la France Insoumise, Michel Larive sait aussi pouvoir compter sur EELV (Europe Écologie-les-Verts) et Florence Cortès, conseillère fédérale. "Lire que le député Michel Larive a obtenu le logo du parti socialiste dans ses manœuvres parisiennes me choque" explique-t-elle. La peinture n’est pas encore sèche qu’elle passe la seconde couche. "Les dissidents socialistes ariégeois se permettent donc de donner à ce dernier un rôle qu’il n’a pas eu […] Dans le cadre de la Nupes, le député sortant et sa consœur Bénédicte Taurine, candidate sur la première circonscription, représentent le Parti Socialiste avec un grand P et un grand S et bien évidemment pas le PSa (a comme ariégeois) qui dérive doucement, mais sûrement vers la macronie et la droite. Preuve en est le soutien affiché de Philippe Calleja à Laurent Panifous".

Hier, dans nos colonnes Michel Larive, soulignait être la cible de tous. À dire vrai, les socialistes ariégeois opposés au rapprochement avec LFI assurent la "promo" du candidat de la Nupes.

Aujourd’hui, Michel Larive ne suit plus qu’une seule ligne face à la montée de l’extrême droite. "Il faut dès le premier tour, explique-t-il, un vote efficace derrière moi, derrière la Nupes, parce qu’il se peut, qu’avec la multiplication des candidatures, nous ayons une probabilité certaine de voir le Rassemblement national au second tour. Chacun prendra ses responsabilités lorsqu’il faudra en tirer les conclusions".

La Dépêche du Midi

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26 mai 2022 4 26 /05 /mai /2022 14:16

QUAND LE PS ARIÉGEOIS S'ALLIE À LA DROITE : MALAISE...

 

 

Quand les « bornes » sont dépassées, il n'y a plus de limite dit le dicton populaire...  Ce n'est pas une forme d'humour facile pour dénigrer la nouvelle Première ministre, dont le nom se prête à l'humour potache, mais un cri du coeur face à l'annonce de la réunion commune entre Laurent Panifous, candidat dissident local du PS national, et le Maire de Saverdun, ancien président de la fédération Les Républicains de l'Ariège ainsi que soutien d'André Trigano aux dernières élections municipales et communautaires. Maire de Saverdun qui, avec son épouse, elle-même élue, a soutenu activement la « Manif pour tous » en Ariège.

Voici ce que Philippe Calleja a publié aujourd'hui sur Facebook :
 


Comment un candidat soi-disant attaché aux « valeurs du socialisme » peut-il tenir une réunion commune et accepter le soutien d'un élu de la droite dont toute la carrière politique en Ariège et au Conseil régional a consisté à de combattre la gauche, et le Parti socialiste en particulier? Pour avoir pratiqué Philippe Calleja pendant longtemps à la Communauté de communes de Pamiers et comme parlementaire européen de l'Ariège, je peux  dire que l'homme est un authentique représentant de la droite, intelligent, souvent sympathique, mais viscéralement de droite.

Comment Jean-Christophe Bonrepaux, Premier fédéral ariégeois, peut-il accepter de cautionner le fait que son candidat se présente « sans étiquette » pour faire une réunion publique avec le Maire de droite de Saverdun?


Un jour «Socialiste dissident », un jour «Divers gauche », puis un jour « Sans étiquette »...  Ce ne sont pas les girouettes qui tournent, c'est le vent, comme disait Edgar Faure... Quant aux « valeurs socialistes », dont Jean-Christophe Bonrepaux nous rebat les oreilles comme seul argument à sa dissidence ainsi qu'à son opposition à l'union de la gauche et à la NUPES, elles prennent un sacré coup sur le nez avec ce tandem Calleja-Panifous !

Michel Teychenné
26 mai 2022
 

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18 mars 2022 5 18 /03 /mars /2022 13:58

Quelques réflexions sur
la guerre en Ukraine,
Poutine et l'OTAN... entre autres


 



Entre antiaméricanisme primaire de certains amis de gauche et les poutinophiles de l'extrême droite, entre les experts autoproclamés en kremlinologie et les « Madame Soleil» des deux sexes qui prédisent un coup d'État en Russie sur les plateaux des chaînes info, il est difficile aujourd'hui de se faire une opinion sur les raisons profondes du déclenchement de la guerre en Ukraine, qui a saisi de stupeur et d'effroi l'ensemble de l'Europe.

Pour connaître assez bien les pays de l'Est par mon activité professionnelle et mon mandat de député européen, et par goût pour l'Histoire et la géopolitique, il me semble que beaucoup de commentateurs de plateaux font trois principales erreurs d'analyse :

Premièrement, la vraie nature du pouvoir russe. Depuis le début de la crise, les commentateurs empilent les références à l'URSS, établissent une équivalence entre le Pacte de Varsovie et l'OTAN, ainsi qu'une sorte de filiation entre Poutine, ancien du KGB, et la Russie actuelle, qui aurait un logiciel proche de celui de l'URSS. Bref, ils assimilent le conflit ukrainien à une sorte de « remake» de la crise de Cuba . Je m'inscris en faux sur cette comparaison. La Russie de Poutine est beaucoup plus proche de l'Empire russe que de l'URSS, d'abord par la structure du pouvoir. Poutine est un autocrate, certains diront à juste titre un dictateur. En URSS, le pouvoir était malgré tout collectif – sauf sous la période stalinienne. Le Politburo assurait un espace de décision collective, et était capable de liquider un dirigeant défaillant. Khrouchtchev a payé la crise de Cuba par son limogeage. Ce type de fonctionnement n'existe plus aujourd'hui en Russie. 

Deuxièmement, l'actuel pouvoir russe s'appuie massivement sur l'Église orthodoxe russe, comme à l'époque des tsars. Cette église très nationaliste est profondément réactionnaire. C’est un outil de propagande et d'encadrement de la population .Le patriarche Kirill évoquait fin février un «combat des Russes contre les forces du mal qui combattent l’unité historique entre la Russie et l’Ukraine ». Pour lui, l’Ukraine fait partie de ce qu’il appelle la terre russe. Il prend parti régulièrement pour défendre les intérêts de son Église orthodoxe. Et pour cela, il est un rouage central du régime de Vladimir Poutine. En 2012, Kirill qualifiait l’élection de Poutine de « miracle divin». 

Dans ses homélies, Kirill parle autant de foi que de politique, avec un sens de la nuance très sûr qui lui a récemment fait dire que «le mariage homosexuel est un signe que l’Apocalypse approche ». Ce qui n'empêche pas ce saint homme d'avoir un chalet en Suisse et une fortune considérable, si des fois l'Apocalypse tardait à venir...


L'économie russe est aux mains des oligarques, qui sont par contre exclus de la sphère politique. Ce modèle est très proche du capitalisme sauvage d'avant la Première Guerre mondiale, qui assurait une croissance importante à la Russie tsariste, mais avec d'énormes disparités sociales, avec l'apparition d'une petite classe moyenne tout comme sous Poutine depuis 20 ans.

Ce n'est pas pour rien que l'extrême droite européenne a vu depuis des années en Poutine un modèle, d'Orban à Le Pen, de Salvini à Zemmour. Et ce n'est pas pour rien non plus que la Russie aide financièrement et politiquement ces mouvances d'extrême droite à déstabiliser l'Europe démocratique, et « décadente » selon les critères poutiniens, afin de promouvoir sa vision réactionnaire, nationaliste et religieusement « chrétienne » de la société européenne en soutenant ce réseau de partis ou groupuscules d'extrême droite qui avaient « table ouverte » sur les médias russes comme Russia Today alias RT, ou Spoutnik. 

Si le FSB est le digne descendant du KGB, les méthodes actuelles de censure et de contrôle policier de la société russe ne sont pas comparables aux goulags du communisme, aux exécutions de masse du stalinisme, à l'impossibilité de circulation imposée ou maintenue par les Brejnev et consorts. Elles s'apparentent beaucoup plus aux méthodes de la célèbre et terrible Okhrana créée par Alexandre III. Ce qui reste de l'URSS chez Poutine, c'est la propagande, et le contrôle étroit des moyens de communication. Même si la Russie a une longue tradition en matière de désinformation, il ne faut pas oublier que ce sont les agents d'Okhrana qui ont fabriqué et diffusé les trop fameux « protocoles de sages de Sion » de sinistre mémoire, qui alimentent encore l'antisémitisme international.

Les Russes n'ont jamais connu la démocratie parlementaire, sauf un bref moment sous Eltsine. Ils en ont gardé le souvenir d'un « énorme bordel » doublé d'une crise économique sans précédent due à l'effondrement du système communiste. Leur vision des démocraties occidentales est faussée par cette période désastreuse de leur histoire récente.

Poutine instrumentalise et la « grandeur de l'URSS », et la grande Histoire de la Russie tsariste, pour son dessein nationaliste, ultra réactionnaire et capitaliste débridé. Il est politiquement plus proche de Pinochet ou de Franco que de Che Guevara ou de Brejnev. Il a une vision impérialiste de l'État russe et se situe dans la longue tradition d'expansion de la Russie au cours des âges. Ne pas le voir est une erreur majeure d'analyse géopolitique.

Troisième erreur : le crédit accordé à la thèse de la Russie « menacée par l'Occident, l'Europe et les Américains ». Thèse superbement illustrée par l'académicien Andreï Makine et publiée dans Le Figaro il y a quelques jours. Cet interview titré « Cracher sur la Russie n'aidera pas les Ukrainiens » est de la propagande poutinienne fort bien formulée – par un académicien français, quand même! 

Mais on peut s'interroger quand Makine écrit par exemple ceci : « En 1992, après la chute du mur de Berlin, nous nous trouvions à une bifurcation. Nous nous sommes trompés de chemin. Je pensais alors véritablement qu'il n'y aurait plus de blocs, que l'OTAN allait être dissoute, car l'Amérique n'avait plus d'ennemi, que nous allions former un grand continent pacifique. » C'est là vite oublier les 6 500 ogives nucléaires russes toujours pointées sur l'Europe... C'en est presque comique, totalement décalé de la réalité du pouvoir russe de l'époque... Dès Eltsine, le monde a été témoin dès 1994 du merveilleux pacifisme russe en Tchétchénie, puis sous Poutine lors de la seconde guerre encore plus terrible en 2000, avec des milliers de civils russes et tchétchènes écrasés sous les bombes... C'est oublier la sécession de la Transnistrie dès 1991 organisée par le FSB, puis sa militarisation avec la 14e armée russe sous Poutine. La Tranistrie,en Moldavie à la frontière de l'Union européenne, était un avant-goût de la guerre de Géorgie et du Donbass, avec toujours les mêmes méthodes « pacifiques » : soutien à de soi-disant russophones sécessionnistes, puis intervention armée des Russes et occupation militaire de ces territoires en violation de tous les traités internationaux. 

Cet argument de l'OTAN « aux portes de la Russie » n'est pas crédible. Ceux qui le défendent en France devraient aller l'expliquer aux Baltes, aux Polonais, aux Hongrois et aux Roumains, qui ont payé très cher les diverses occupations russes tout au long de leur histoire, et pour qui la priorité dès leur fragile indépendance acquise a été de se protéger de l'ours russe. Leur choix démocratiquement exprimé a été de rejoindre l'Union européenne comme modèle de société et de se mettre sous la protection de l'OTAN puisque, depuis 1947, l'Europe a sous-traité sa défense à l'OTAN. Même de Gaulle est resté dans l'Alliance atlantique, n'en déplaise à ceux qui aujourd'hui falsifient l'Histoire en prétendant le contraire. Curieuse conception de la liberté des peuples que de vouloir leur imposer les desiderata de leur voisin qui les a pillés, massacrés et privés de liberté pendant des décennies.

Par contre, l'Union européenne et l'OTAN n'ont jamais remis en cause l'enclave de Kaliningrad de 200 kilomètres carrés, base atomique, aérienne, navale et sous-marine située à un jet de pierre de Varsovie et Berlin, enclavée entre la Pologne et les Pays Baltes, et curieusement très peu citée par nos soi-disant experts dans le débat actuel. Alors que c'est une garantie centrale donnée aux Russes pour leur sécurité depuis 1945. Comme s'il était normal que cette enclave en pleine Union européenne aille de soi.

Enfin, ce cher académicien oublie que Poutine est « un grand démocrate avec une opposition en prison ou en exil ». Il oublie visiblement que c'est Poutine qui a occupé la Crimée et armé les républiques fantoches du Donbass avec l'aide des petits hommes verts de Wagner et du FSB. C'est Poutine qui a remis en selle ce vieux débris de l'ère soviétique qu'est le dictateur biélorusse confronté à la révolte de son peuple après les élections truquées il y a quelques mois, en occupant au passage militairement la Biélorussie et en la renucléarisant. Mis sous tutelle par Poutine, Alexandre Loukachenko a été contraint d'accepter que l'offensive russe sur Kiev parte de son territoire, ce qui n'est pas rien.

Cela sans oublier l'opération « spéciale » menée il y a deux mois contre le peuple du Kazakhstan pour sauver le dictateur local, opération militaire passée largement inaperçue de la majorité des observateurs... mais qui a permis à Poutine d'envoyer des troupes qui sont toujours sur place.

La pauvre Russie agressée par les méchants de l'OTAN est donc une vaste blague russe, reprise en choeur par les idiots utiles du néo-fascisme russe. Cela ne dédouane pas les Américains pour autant. Pendant la Guerre froide, ils considéraient l'Amérique Latine comme leur chasse gardée et ont soutenu des dictatures infâmes, Mais depuis la chute du Pacte de Varsovie, hors l'action conjointe de l'OTAN pour achever la guerre de Bosnie et arrêter le délire assassin de Milošević et consorts, les Américains « gendarmes du monde » ont échoué lamentablement en Somalie, en Irak, en Afghanistan, évacué leurs troupes assez piteusement sans ce soucier de leurs alliés européens.

D'abord Obama, puis Trump et aujourd'hui Biden, tous dans des formes différentes, ont été dans une stratégie de désengagement en Europe pour se focaliser sur leur nouvel ennemi la Chine, et sur le théâtre du Pacifique. Nous devons en tant qu'Européens constater ce mouvement stratégique qui maintenant est de longue durée et que Poutine a considéré comme une faiblesse de l'Occident. N'oublions pas aussi que le peuple américain est avant tout isolationniste, persuadé d'être le centre du monde. Le modèle de démocratie « America First » est unanimement partagé. 

L'impérialisme américain est avant tout un impérialisme économique. Si les États-Unis s'opposent aujourd'hui à la Chine, c'est pour s'assurer le leadership mondial, et non pas pour Taïwan qui n'est qu'un pion sur le grand échiquier capitaliste du monde, qu'il soit chinois ou américain. Les Européens n'ont aucun intérêt à contribuer à cette vision binaire du monde et à s'aligner sur les États-Unis.

Poutine n'est ni fou ni paranoïaque, juste mégalomane, égoïste et cruel...

Le problème de Poutine n'est pas l'adhésion de l'OTAN de l'Ukraine, qui n'est qu'un alibi ! C'est surtout de ne pas laisser se développer une démocratie à l'européenne à sa frontière. Une démocratie qui serait de fait un contre-modèle de son système dictato-mafieux. L'accord entre l'UE et l'Ukraine lui fait plus peur que l'OTAN. En revanche, si on prend en compte la sémantique guerrière de Poutine – le « risque d'agression de l'Amérique et des Occidentaux impérialistes, et les néonazis drogués d'Ukraine », on voit bien avec quel logiciel Poutine essaie de vendre sa guerre d'Ukraine au peuple russe, malheureusement gavé de propagande ultranationaliste et souvent anti-ukrainienne depuis des années.

Curieusement, en France, certains instrumentalisent le bataillon Azov (environ 3000 hommes, authentiques extrémistes de droite voire néo-nazis) pour justifier l'action de Poutine en Ukraine. On retrouve parmi ces gens des antivax, des complotistes de tous poils, une bonne partie des réseaux d'extrême droite, et quelques amis de gauche chez qui l'anti-américanisme primaire est pavlovien au point de ne voir le monde qu'avec les oeillères d'avant la chute du mur de Berlin ! Sans parler des poutinophiles appointés et des trolls de Moscou qui fleurissent sur les réseaux sociaux.

Voir des nazis partout en Ukraine est une imbécillité insondable à l'heure où, en France, l'extrême droite fait 35%. Alors que l'extrême droite ukrainienne (proche de la brigade Azov) a fait moins 2% aux dernières présidentielles et législatives ukrainiennes. Faut-il aussi rappeler que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est juif, et que seul son père a survécu à la Shoah. Ses trois oncles paternels ont été victimes des nazis.

Bien sûr que depuis 2014, la guerre tue, qu'elle a fait des ravages au Donbass, des deux côtés. Il n'y a pas de guerre propre. Mais ne pas croire que les 10 000 Tchétchènes envoyés par Kadyrov sont autre chose que des fascistes dignes de la « division Handschar » sous le IIIe Reich, c'est ne pas vouloir voir le pouvoir russe et ses méthodes tels qu'ils sont, méthodes déjà appliquées en Syrie avec une brutalité et une sauvagerie immense : Alep rasée avec sa population en est un exemple terrible pour soutenir le terrible Bachar El Assad, l'allié fidèle du maître du Kremlin. 

La réalité en Ukraine est plus simple. Les Ukrainiens préfèrent le modèle européen à la société russe de Poutine, ils l'ont montré clairement avec la révolution de 2014, à laquelle le bataillon Azov a pris part mais de manière marginale, parmi la masse immense des manifestants pro-européens. Cette révolution a entraîné la chute de Viktor Ianoukovytch, président pro-russe de l'Ukraine, qui à la demande de Moscou avait refusé de valider la demande d'adhésion de son pays à l'UE. Ce qui provoqua la révolution de Maïdan.   

Autre argument des pro-Poutine qui ne tient pas : jamais le stupide décret consistant à interdire l'usage officiel du russe et du roumain dans 13 oblasts du sud-est de l'Ukraine n'a été appliqué, puisque le président Petro Porochenko élu en mai 2014 ne l'avait pas signé et avait refusé de l'appliquer. Par contre, Porochenko n'a pas su gérer le début de la crise du Donbass et a commis des maladresses tout de suite exploitées par Poutine. Mais le déclenchement de la guerre du Donbass reste l'entière responsabilité des Russes, comme en Géorgie ou en Moldavie selon les mêmes méthodes.

Pour finir, les accords de Minsk 1 puis 2 sont inapplicables, car trop flous et complexes. Faire de la Russie un « garant » alors qu'elle était un acteur principal de la sécession est diplomatiquement irresponsable. Imposés aux Ukrainiens par les Russes avec le soutien actif de Merkel et la bénédiction de Hollande, les accords de Minsk ont figé le problème du Donbass en une guerre de basse intensité, ce qui a permis aux Allemands de finaliser North Stream 2 avec les Russes... contre l'avis des Américains qui avaient eux aussi du gaz à vendre! La belle auréole de la « sanctifiée » Angela Merkel, icône de la droite européenne et française, qui a donné aux Russes la clé de l'alimentation énergétique de l'Europe du Nord, sort quelque peu altérée et gondolée de cet épisode. Plus qu'une erreur, ce fut une véritable faute que l'Europe va payer très cher. 

Poutine a presque 70 ans, Il n'a rien à faire de l'opinion mondiale, il veut simplement rester dans l'Histoire de la « sainte Russie » comme celui qui aura rendu à celle-ci la Crimée, la « petite Russie » (l'Ukraine), ainsi que la Biélorussie qu'il vient d'annexer en douceur en rétablissant et vassalisant le vieux débris soviétique Alexandre Loukachenko.

Poutine veut s'inscrire dans la lignée de Pierre le Grand, de la Grande Catherine, et d'Alexandre III. Il pense sculpter sa statue pour le récit national russe. Poutine n'est ni fou ni paranoïaque, juste mégalomane, égoïste et cruel... Il ne lui restera plus, une fois la guerre gagnée, qu'à faire voter par des doumas serviles la demande de rattachement à la Fédération de Russie. Poutine sculpte sa statue dans l'Histoire russe à coup de chars, de mensonges, et de missiles. Ce ne sont pas quelques milliers de morts qui l'arrêteront. Il a commencé sa carrière par la guerre de Tchétchénie en rasant Grozny et en faisant 200 000 morts. Il la termine avec cette guerre d'Ukraine.

Cela fait environ 10 ans que Poutine préparait la Russie, économiquement et militairement, à ce grand dessein expansionniste, et nous n'avons rien voulu voir. Poutine avait tout prévu sauf que, depuis 30 ans d'indépendance, malgré les difficultés économiques, la corruption et le manque de moyens, la démocratie ukrainienne a vécu et perduré, s'est installée. Les Ukrainiens ont pris goût à leur liberté. En 20 ans, par quatre fois l'alternance politique a pu se faire dans cette toute jeune république, et les Ukrainiens ont pris conscience de leur nation et de son Histoire, si souvent martyrisée par les pouvoirs russes tsariste, puis soviétique.

Les familles ukrainiennes, souvent liées à celles de son grand voisin russe, ont pu comparer les deux modèles de société. Voilà ce que Poutine n'a pas su ou voulu voir. Voilà ce qui motive la magnifique résistance du peuple ukrainien. Comme en 1792 en France où, alors que la Patrie était en danger, le peuple en armes s'est porté aux frontières pour défendre la République et vaincre l'armée des rois, les Ukrainiens d'aujourd'hui défendent ce qu'ils ont de plus cher : leur terre et leur liberté.

Ne refaisons pas l'erreur de 1936 pendant le Front populaire, quand nous avons abandonné la République espagnole face aux fascistes sécessionnistes. Il faut soutenir la résistance ukrainienne et ne rien céder face à Poutine, qui doit perdre cette guerre ou tout au moins ne pas la gagner. Car il s'agit d'une guerre non pas de civilisation, mais pour la civilisation. Y compris pour la liberté du peuple russe, même si une bonne part de celui-ci ne le comprend pas encore, assommé qu'il est par la propagande des grands médias aux mains de Poutine et de ses amis. 

Gardons-nous enfin de la russophobie ambiante, il ne faut pas confondre le grand peuple russe, son immense culture, sa musique, sa littérature, sa grande Histoire, avec la clique de Poutine, d'oligarques et de profiteurs du système qui prospèrent sur le pillage des ressources russes, sur l'asservissement politique, social et économique de son peuple. Est-il utile de rappeler ici que 50 % des Russes vivent sous le seuil de pauvreté dans la Russie de Vladimir Poutine?

Michel Teychenné
18 mars 2022

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17 janvier 2022 1 17 /01 /janvier /2022 13:59

 

 

Après s'être retiré de la politique en raison de problèmes de santé, Michel Teychenné coule une retraite heureuse dans sa propriété de Pailhès où il a tout le loisir de restaurer ses nombreuses calèches.
Et de lire La Dépêche du Midi.


 

 

Depuis sa colline, Ségolène toise le visiteur qui se serait égaré. "Elle est née l'année où la vraie s'est présentée", sourit Michel Teychenné en regardant l'un de ses chevaux préférés.  Certes, il a quitté le PS.  Mais 30 ans d'engagement au nom du parti de la rose, cela ne s'oublie pas comme ça.  Retiré des affaires politiques, l'ancien élu de l'opposition au conseil municipal coule des jours paisibles dans son immense propriété située à Pailhès.   Il faut dire que ses deux passions sont quelque peu envahissantes : l'équitation, et sa collection de 40 calèches. "Ça a commencé lorsque ma grand-mère m'a donné le carretou qu'elle utilisait afin d'aller de Joucla à Pamiers pour porter la gamelle de mon grand-père qui travaillait à l'usine. J'avais 14 ans."  Et le jeune cavalier s'est pris au jeu.

" On y est dans le mur! "

Cinquante ans plus tard, Michel Teychenné est le propriétaire de 40 calèches, breaks de chasse, voitures pour dames ou gouvernantes, fiacres et autres cabriolets du XIXe siècle.  Il y a en a qui servaient à se rendre sur les plantations, d'autres qui se transformaient en tribunes royales.  Parisiens, toulousains, américains ou allemands, ces engins passaient tous entre les mains de Michel Teychenné et de ses restaurateurs privilégiés pour retrouver une seconde vie.  Mais il détient aussi une charrette anglaise du charron local Trezier ou la calèche du banquier de Lavelanet.  "En Ariège on trouvait peu, car c'était l'apanage des riches," glisse-t-il en ouvrant un de ses hangars.  Le paradis du harnais avec un voyage dans le temps à la clé. "On voulait ouvrir pour les Journées du patrimoine, mais vu le contexte sanitaire...  Peut-être cette année? "  Gageons-le. Car Michel Teychenné a bien conscience qu'il fait partie des profils à risques.  Satanée santé. La même qui l'a éloigné de la politique après une carrière bien remplie.  

Avec une famille à cheval entre Saint-Jean-du-Falga et Foix, le petit Michel a débuté ses études au lycée agricole de Pamiers. Cap sur le tourisme. 1986 : il rencontre le ministre Jospin.  Assistant puis conseiller à son cabinet, il quitte les lieux comme son mentor en 1991. L'Ariégeois  traverse l'Atlantique pour diriger la communication de l'Agence universitaire francophone au Canada.  C'est là-bas qu'il rencontre Antoine, l'amour de sa vie.  Puis retour ensemble en France.

Au sein de ce qui deviendra l'Institut supérieur du tourisme, de l'hôtellerie et de l'alimentation (ISTHIA) de la faculté Jean-Jaurès, à Toulouse, il collabore avec la rectrice Nicole Belloubet.  Avec son complice Vincent Peillon, pour qui il rédigera un rapport sur l'homophobie, il fonde le "Nouveau Parti Socialiste".  Est-ce que celui qui fut aussi premier secrétaire du PS en Ariège avait déjà en tête de faire défection?  Pas sûr.  Alors qu'il est élu député européen en 2008, Michel Teychenné fait son entrée au conseil municipal de Pamiers.  Face à son "ami" André Trigano, il fera bien sûr figure d'opposant.  "Il a réalisé beaucoup de bonnes choses pour la Ville, mais il aurait dû s'arrêter en 2014,  C'était le mandat de trop", estime celui qui a préféré quitter le PS il y a une dizaine d'années.  Trop de "désaccords" avec l'appareil local. L'alliance Fauré-Teychenné n'aura jamais lieu. "Et sur le plan national, on voit où la politique libérale de Valls et Hollande nous a menés!  On y est dans le mur!"

Capable de s'exprimer sur le moindre dossier "polémique" en cours à la Mairie de Pamiers, on en vient à se demander si tout cela ne lui manque pas un peu quand même?  Il laisse le soin à Antoine de répondre " Non, pas dans la conjoncture actuelle..."

 


La Dépêche du Midi - Géraldine Jammet
 

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13 janvier 2022 4 13 /01 /janvier /2022 09:48

Communiqué
RÉPONSE À LOUIS CLAEYS


Suite à l'article de Louis Claeys de dimanche dernier, "Pamiers dans le rétro : deux gauches irréconciliables en 2014", je souhaite corriger quelques erreurs "historiques" factuelles.

1. Toutes les composantes de la gauche ne se sont pas rangées derrière le Maire des Pujols comme l'écrit Louis Claeys : EELV, le PC, le Parti de gauche futur LFI et des socialistes appaméens soutenaient officiellement la liste Teychenné / Pamiers au Coeur-Le Renouveau.

2. Ramener ces deux listes de gauche à un problème de personnes est pour le moins léger. D'abord, le parachutage du député-maire des Pujols à Pamiers avait choqué beaucoup de monde à Pamiers. Tout comme ses positions très sociales-libérales, puis son soutien au projet de Communauté d'agglomérations d'Ax-Les-Thermes à Saverdun, qui n'était pas un "projet qui ne venait pas de nulle part" comme l'écrit M. Claeys, mais qui était porté à l'époque par le PS 09 et le Conseil Départemental dans le cadre de la loi NOTRe. Ce projet technocratique, hors de toute logique de territoires et de bassins de vie, et d'ailleurs abandonné depuis même entre Foix et la Haute-Ariège, n'était pas acceptable car il aurait dissout Pamiers et la Basse-Ariège dans une mégastructure regroupant plus de 150 communes. C'est donc sur une base politique, plus à gauche, plus écologiste, pour une Communauté de communes à taille humaine qu'a été créée notre liste et notre programme, et non sur un soi-disant problème de personnes.

3. Enfin, il est surprenant que Monsieur Claeys, très bon historien, oublie de rappeler que le soir du premier tour, j'avais proposé à M. Fauré la fusion de nos listes et de nos programmes pour le second tour, en offrant à M. Fauré notre soutien pour être maire et président de la Communauté de Communes. Cela dès l'annonce des résultats, et publiquement. La réponse n'avait pas tardé, M. Fauré annonçant son refus de toute discussion avec notre liste et le maintien de sa liste au second tour. André Trigano était donc sûr d'être élu ! Tout cela a été décrit par les journalistes à l'époque... Pour fusionner deux listes, il n'est pas nécessaire d'avoir envie de passer ses vacances ensemble, mais simplement de tenir compte du résultat du vote citoyen et de le respecter – notamment le refus massif par les Appaméens de la Communauté d'Ax à Saverdun. Mais il est vrai aussi que la liste "Pamiers ensemble" de M. Fauré n'avait pas imaginé que notre liste passerait la barre des 10 % et la talonnerait de quatre petits points. La déconvenue a été rude pour eux.

De là à saborder les chances de toute la gauche, alors qu'ensemble nous étions majoritaires, comme le note Louis Claeys, il y avait un pas que n'aurait pas dû être franchi par "Pamiers ensemble". Cela aurait pu éviter six ans de plus de Triganisme... mais on ne refait pas l'histoire.

Pour terminer, parler de "gauches irréconciliables", c'est reprendre le concept fumeux inventé par le gyrovague Manuel Valls. Ce concept creux est démenti par toute l'histoire de la Gauche, qui a toujours gagné quand elle a su se rassembler sur un projet commun. De Jean Jaurès au Front populaire, en 1981, en 1997, en 2012. Il n'y a jamais eu des gauches irréconciliables, l'Histoire le démontre, et avec des clivages autrement plus profonds à l'époque qu'aujourd'hui.

Michel Teychenné
Ancien député européen, tête de liste Pamiers au coeur / Le Renouveau, en 2014

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13 janvier 2022 4 13 /01 /janvier /2022 09:24

 

 

Suite à l’article "Pamiers dans le rétro : deux gauches irréconciliables en 2014", publié dimanche dans le cadre d’une chronique qui ne se veut absolument pas polémiste, Michel Teychenné a tenu à préciser quelques éléments.

En effet, pour l’ancien opposant municipal, qui fut aussi député européen, il est important de rappeler que sa liste baptisée "Pamiers au Cœur-Le Renouveau" avait reçu le soutien d’EELV, du Parti communiste, du Parti de gauche (futur LFI) et de quelques socialistes appaméens en 2014. Et cette même liste avait vu le jour pour lutter contre l’idée d’une intercommunalité allant d’Ax-les-Termes à Saverdun qui "aurait dissous Pamiers et la basse Ariège dans une mégastructure regroupant plus de 150 communes". "C’est donc sur une base politique, plus à gauche, plus écologiste, pour une communauté de communes à taille humaine, qu’ont été créés notre liste et notre programme, et non sur un prétendu problème de personnes", indique Michel Teychenné qui insiste sur le fait qu’il avait proposé une "fusion" à Alain Fauré en perspective du second tour. Et comme nous l’avons écrit, ces deux hommes de gauche n’étaient manifestement pas parvenus à s’entendre.

La Dépêche du Midi

 

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4 mai 2021 2 04 /05 /mai /2021 11:38

NAPOLÉON ET SA LÉGENDE DORÉE

Napoléon et sa légende dorée : et si on mettait les pieds dans le plat...

Et si on mettait les pieds dans le plat...

Napoléon était un génie militaire, mais aussi, on l'oublie trop souvent, un génie de la communication du bulletin de la Grande Armée, qu'il écrivait souvent lui-même, à Sainte-Hélène où il a joué au martyr et voulu réécrire l'histoire napoléonienne avec Las Cazes. Dans sa redingote grise avec son bicorne porté à l'envers, il a toujours veillé à construire sa propre légende. Quant à son bilan, en 1815, il a laissé la France plus petite, saignée à blanc dans sa population mâle, totalement ruinée, isolée sur le plan européen, avec le rétablissement de la monarchie en héritage. Avec un tel bilan, on a un droit d'inventaire. 

Despote, Napoléon a supprimé la presse, passée de 80 journaux à 4. Il a assassiné la République, remplacée par le Consulat puis l'Empire, créé une nouvelle aristocratie, puisé dans les caisses de l'Etat pour arroser les tenants du régime, pillé l'Europe et ses oeuvres d'art, donné des constitutions aux peuples conquis sans jamais les appliquer, et peuplé les trônes d'Europe de ses frères et soeurs tous plus incompétents les uns que les autres. Reste la gloire militaire, elle est réelle, mais Napoléon n'a jamais recherché la paix. Il a cherché à créer un empire, ce qui a multiplié les coalitions contre la France et créé l'épopée de l'Aigle et tout son romantisme, pour masquer une triste réalité : sa volonté à vouloir dominer l'Europe par la force. En réalité, un million de morts jonchent le parcours de Napoléon. 

La légende napoléonienne, c'est aussi le Code civil dit Code Napoléon. En fait, le Code civil était déjà presque entièrement rédigé à l'arrivée de Bonaparte au pouvoir, mais les turbulences révolutionnaires n'avaient pas permis de valider le texte rédigé par Cambacérès. Les préfets, nouveau nom tout droit sorti de l'Empire romain, en réalité des commissaires de la République créés cinq ans avant sa prise de pouvoir. La Banque de France, vaste rigolade : celle de Napoléon était privée et aux mains des financiers du régime. La reprise en main de l'Université et la soi-disant création des lycées, encore une référence à l'Antiquité, anciennement appelés Écoles centrales, puis après 1815, Écoles royales. Les « lycées » existaient déjà, mais ils illustrent la mainmise de l'Etat napoléonien sur l'éducation de la bourgeoisie et sa militarisation, uniformes compris. Napoléon à réorganisé la France en en faisant une immense caserne.

Reste le Concordat, qui achève l'alliance du "sabre et du goupillon" et redonne à l'Église catholique une place centrale de contrôle des moeurs et des populations. Et pour finir, la société sous Napoléon est contrôlée par une multitude de polices, mouches et mouchards comme jamais la France n'en avait connu. Napoléon est un peu comme sa communication, deux célèbres tableaux en sont l'illustration. Napoléon au pont d'Arcole, en tête des troupes drapeau au vent... mais cinq minutes après, le général tombe du pont dans les marais et manque de se noyer. Le pont sera pris par d'autres le lendemain. Comme la traversée des Alpes sur son cheval blanc... En réalité Napoléon a franchi les cols sur un mauvais mulet tenu à la main par un guide local ! De l'histoire à la légende...

Napoléon, c'est avant tout l'inventeur du « story telling» en politique. Une légende militaire incontestable, mais aussi un despote mégalomane, et l'échec d'une politique qui a coûté 50 ans de retard à la France dans son développement économique en pleine révolution industrielle. Son triste bilan est incontestable, mais la légende perdure, avec son romantisme ... et ses amnésies. Tout le monde se souvient du tableau d'Antoine-Jean Gros « Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa », mais sait-on que quelques jours avant Bonaparte, il avait fait exécuter 3000 prisonniers mamelouks à la baïonnette pour économiser la poudre, afin de terroriser les populations locales. Entre la mise en scène de ses bons sentiments et la réalité du moment, il y a un gouffre, d'autant que rien de cette scène avec les pestiférés n'est vraiment documenté historiquement. Propagande quand tu nous tiens !

Je terminerai par un mot sur les débats actuels : faut-il commémorer Napoléon Bonaparte? Oui bien sûr, commémorer c'est se souvenir ensemble, une occasion de regarder ensemble notre histoire sans anachronisme, mais aussi sans le folklore du roman national. Une occasion de faire le point sur les dernières recherches historiques et de donner le goût de l'histoire aux jeunes générations. Se souvenir ensemble des gloires militaires, mais aussi des désastres occasionnés par ce régime. Commémorer n'est pas célébrer, car célébrer empêche l'analyse critique et fait tomber obligatoirement du côté de la légende dorée et non de l'Histoire.

Deux débats animent aujourd'hui le landernau médiatique : le rétablissement de l'esclavage, et l'attitude de Napoléon envers les femmes reléguées au rôle de mineures dans le Code civil. Sur ce dernier point, il ne faut pas faire d'anachronisme : Napoléon est le fruit de son époque, il est aussi pour le moins marqué par ses origines méditerranéennes. Les Révolutionnaires étaient tout aussi machistes et la Révolution, faite aussi grâce aux femmes, ne leur accordera aucun nouveau droit significatif. Marie Gouze, dite Olympe de Gouges, compare le statut des esclaves et la condition des femmes pour lesquelles elle rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Son engagement et ses écrits pour les deux causes en feront une victime de l'échafaud le 3 novembre 1793. En cela, Napoléon était malheureusement de son temps, comme la Convention et comme le Code civil.

Transition facile pour mon dernier point : le rétablissement de l'esclavage par Napoléon en 1802. Depuis 1794 en Guadeloupe, à Saint-Domingue (Haïti) et dans toutes les colonies françaises, les esclaves devenus citoyens avaient goûté à la liberté, ils avaient participé au mouvement révolutionnaire, s'étaient engagés dans les troupes de la Révolution. Certains devinrent même généraux de la République, comme Toussaint Louverture ou Pétion. Jean-Baptiste Belley sera élu député à la Convention avec son collègue Mills, mulâtre comme on disait à l'époque. Ils furent les premiers députés noirs de l'histoire de France !

Le rétablissement de l'esclavage en 1802 est bien sur une faute morale grave, qui démontre une fois de plus le peu d'intérêt du tyran pour les avancées de la Révolution. 

Napoléon n'était pas un fils des Lumières mais un admirateur de l'Empire romain. Ce rétablissement n'est pas passé inaperçu. L'abbé Grégoire et l'Académie des Sciences Morales s'y sont fortement opposés. La réponse de Napoléon fut de fermer purement et simplement l'Académie. Le rétablissement est aussi une faute géopolitique qui se terminera par la première défaite militaire des troupes de Napoléon, battues à Saint-Domingue par la révolte des esclaves, ce qui obligera Napoléon à brader la Louisiane aux USA (soit la totalité de la vallée du Mississippi à l'époque) que la perte de Saint-Domingue ne permettait plus de défendre. Il valait mieux la vendre que de la perdre à cause des Espagnols, des Anglais...ou des Américains! 

En conclusion, n'oublions jamais que, le 5 octobre 1785 avant de mater dans le sang l'insurrection royaliste du 13 vendémiaire, Napoléon se donna un quart d'heure pour savoir s'il appliquerait les ordres du gouvernement ou s'il rejoindrait l'insurrection. Au bout d'un quart d'heure de réflexion, il considéra que pour sa carrière et son avenir, et seulement pour cela, il devait mater la révolte. Bonaparte l'a écrit lui-même à son frère quelques jours après. 300 morts jonchèrent le pavé parisien, l'avenir de la République n'avait pas compté un instant dans son choix. Il est devenu le Général Vendémiaire, nouvelle coqueluche du Tout-Paris. L'Aigle avait pris son envol pour la plus grande gloire et le plus grand malheur de la France.

Michel Teychenné

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