Tribune libre :
Monsieur le maire,il nous faut réussir le « Contrat de ville ». Vous avez présenté le 18 mai aux élus les grands axes du Contrat de ville en matière d’investissement. Avant que ce projet ne soit finalisé au prochain Conseil municipal, nous tenons à vous faire part des remarques suivantes, car plusieurs opérations d'aménagement nous paraissent mal pensées, très onéreuses, et en plus difficiles à réaliser.
Par exemple, le rachat et le déménagement de la Poste dans un lieu qui n'est pas encore défini pour installer à sa place un marché couvert. La Mairie est propriétaire des bâtiments de la Providence rue Gabriel Péri, dont le rez-de-chaussée, si on couvrait la cour avec une verrière, pourrait accueillir ce marché couvert dans de très bonnes conditions, dans un cadre exceptionnel et à moindre coût, ce qui participerait à la redynamisation de cette rue historique du commerce appaméen. Alors que tout le monde réclame la création d’une halle en centre-ville depuis des années, ce projet consensuel a été purement et simplement oublié dans le Contrat de ville.
Deuxième exemple : dans votre projet, vous souhaitez installer le cinéma sur la place Millane, c'est-à-dire concéder au privé un espace public. Selon votre projet, la création de ce cinéma reposera entièrement sur une société privée, avec un objectif de 150 000 entrées par an pour concurrencer les cinémas de Labège (actuellement la fréquentation se situe autour des 40 000 entrées). Cet objectif est peu réaliste, il n’est pas sérieux financièrement. Nous sommes opposés à la privatisation de la place Millane pour l’exploitation d’une activité privée. Seule une implantation sur un terrain privé en bordure de la place serait acceptable, ce qui augmenterait d’autant les coûts de ce projet et diminuerait encore plus sa faisabilité.
Troisième exemple : alors que la Mairie vient d'acheter le terrain de l’île du Lidl, vous envisagez de déménager à cet endroit l'école de Lestang et l'école de la rue Sainte-Claire, qui sont des services publics installés en centre-ville et qui ont bénéficié de beaucoup de crédits municipaux pour leur rénovation. Ce déménagement est une aberration budgétaire et videra le cœur de ville de ses écoles publiques. Il ne restera plus dans le cœur de ville qu’une école privée. De plus, vous perdrez ainsi le seul terrain libre et la possibilité de créer en complément de l’îlot Sainte-Claire des logements neufs de bon standing , qui manquent cruellement à Pamiers. Vous perdrez aussi un lieu possible d’installation du futur cinéma. Tout cela pour déménager de 300 mètres deux écoles existantes, ce qui va coûter des millions d’euros pour rien!
Enfin, nous constatons avec regret que la culture, le patrimoine et la jeunesse sont les grands perdants de ce projet de Contrat de ville. Aucun projet pour la médiathèque et la MJC, qui sont à l'étroit dans leurs bâtiments et ne peuvent se développer (la MJC n’est actuellement même pas aux normes pour handicapés). Aucun projet non plus pour le Carmel, qui devrait être le phare culturel et touristique du pays de Pamiers. Cet « oubli » est absolument incompréhensible. Ces projets s’inscriraient parfaitement dans les critères du Contrat de ville. Ni la MJC, ni la Médiathèque, ni le Carmel ne pourront donc bénéficier des crédits d’investissement du Contrat de ville. C’est un manque de vision d’avenir, et une faute à corriger d’urgence.
Il est encore temps de réorienter le Contrat de ville de Pamiers, qui est pour le moment très décevant et éloigné des attentes de la population. Si il était voté en l’état par le Conseil municipal, ce serait alors une formidable occasion manquée, et aussi un gâchis d’argent public en raison de dossiers bâclés, confié une fois de plus à des experts extérieurs... pour un piètre résultat. Il est temps que les élus reprennent le contrôle de ce dossier,remettent un peu de bon sens, dans un contrat si important pour l’avenir de notre ville.
Michel Teychenné