La séance du conseil municipal s'annonçait soporifique. Elle le fut jusqu'à l'éclat final d'André Trigano qui a dit son dépit de voir Aubert et Duval installer une unité à Varilhes.
L'adage dit qu'il faut garder le meilleur pour la fin. Effectivement, hier après-midi, le conseil municipal s'essoufflait par 35° à suivre le cours d'un épouvantable ordre du jour allant de comptes en mécomptes administratifs ou de gestion. Au final et après une séance marquée par aucun engagement sérieux, on en vint aux questions diverses. C'est bien entendu Michel Teychenné qui les avait posées, il s'en est fait une spécialité, et curieusement, André Trigano n'était pas mécontent de cette initiative. Aussi, le maire de Pamiers donnait-il sa bénédiction à la demande de diffusion radio du conseil municipal, pour peu que l'affaire ne soit pas techniquement trop compliquée, lorsque vint sur le tapis la question de l'implantation de l'Usine MKAD, filiale d'Aubert et Duval, à Varilhes. Alors que Michel Teychenné dénonçait cette installation, dont il estimait qu'elle aurait dû se faire à Pamiers, (la zone Gabriélat étant adaptée en conséquence), André Trigano a saisi la balle au bond : «Je ne supporte pas que l'on fasse de la retape auprès des entreprises appaméennes pour les inviter à s'installer ailleurs. J'en suis à trois ! Le SCOT devait permettre à tout le monde de vivre ! Des interventions diverses et variés au sujet de cette usine ont eu lieu, et je vais vous le dire, on s'est fait posséder ! J'ai dit au directeur de l'usine Aubert et Duval mon mécontentement ! C'est un coup bas ! J'en veux à ceux qui sont intervenus et qui auraient mieux fait de le faire pour leur ville et leur communauté de communes ! Que des élus fassent de la surenchère sur notre dos ce n'est pas correct !» André Trigano a toutefois obtenu l'assurance que si le laboratoire qu'ambitionne Aubert et Duval sur les nouveaux matériaux se fait, «ce sera à Pamiers».
La déflagration si elle visait des individus facilement identifiables, avait encore l'avantage de l'anonymat. Mais à une nouvelle question de Michel Teychenné, sur la plainte portée par Alain Fauré (qui était absent en séance) au sujet de la vente dite des «Canonges», André Trigano mettait en cause ouvertement le député-conseiller municipal de Pamiers : «Je déplore que la personne intéressée soit absente ! On ne porte pas plainte lorsque l'on est parlementaire, lorsque l'on est conseiller municipal, on s'exprime, ce n'est pas très élégant. Je regrette cette plainte, et d'ailleurs il n'y a rien de malhonnête dans cette affaire !» Jean-Christophe Cid, qui avait déjà ferraillé en séance, est monté à la rescousse de son chef de file, apportant les arguments qui à ses yeux justifient cette plainte et concluait «en faisant confiance au travail de la justice !» Rideau. C'était pour les élus, la séance d'avant les vacances. Elle s‘annonçait routinière, elle fut tout le contraire ! La rentrée risque d'être aussi chaude que ce début d'été !