La Basse-Ariège est la plus grande décharge de « déchets inertes » en milieux aquatiques de France. Tel est le triste constat de la réunion du 22 novembre.
Depuis 2009, l'extraction de granulats a explosé en Basse-Ariège, passant de 1,2 million de tonnes par an à 4,5 millions de tonnes par an. Plus de 3 millions de tonnes par an peuvent être exportées hors du département, ce qui est normalement interdit par la loi, chaque département devant être autosuffisant en matière de granulats.
Les quatre plus importants carriers de Midi-Pyrénées tous filières de groupes internationaux ont profité d'un « Schéma départemental des carrières » particulièrement laxiste et dérogatoire à la loi, mais voté par les élus, ainsi que de la modification des PLU des communes de Saverdun et Montaut : un joli cadeau pour surexploiter et défigurer notre territoire de la Basse-Ariège.
Plus de 900 hectares de terres agricoles sont ainsi condamnés à la destruction, ce qui signifie 19 trous d'eau dans l'avenir. Et il faudra aussi remblayer 300 hectares avec des gravats.
En effet, afin de gagner sur les deux tableaux, les carriers peuvent enfouir 14 millions de tonnes de déchets dits « inertes » – principalement des gravats de déconstruction qui sont autorisés à l'enfouissement à ce jour. Déjà la pollution apparaît, car les déchets regorgent de polluants, d'aluminium et de fer, d'hydrocarbures, etc. Ces déchets peu poreux se comportent aussi comme un mur pour la nappe, qui est ainsi détournée.
C'est ce constat qu'ont pu présenter, expliquer et commenter les trois intervenants qui se sont exprimés lors de la réunion publique de ce jeudi 22 novembre à Pamiers.
Michel Teychenné a fait l'historique du plan départemental des gravières. Il a rappelé les autorisations dérogatoires accordées en 2009 aux carriers par le préfet , la révision du plan départemental des gravières en 2014, et le protocole d'accord sur le contrôle des déchets enfouis dans les gravières. Ce protocole, signé par l'État, le Conseil départemental et la Chambre d'agriculture, entérine de fait le scandale écologique de l'enfouissement massif des déchets dans la nappe phréatique.
Un point très positif a été rappelé: l'interpellation du ministre de l'Environnement par le député Michel LARIVE, pour demander un moratoire sur l'enfouissement des déchets.
Henri Delrieu du Chabot, dans une présentation très pédagogique et argumentée a démontré point par point les risques, et les dégâts constatés sur la plus grande nappe phréatique de l'Ariège –notre plus grande réserve d'eau potable, loin devant les barrages et autres réserves de surface. Il a aussi rappelé les actions en justice contre les graviers, qui ont abouti notamment devant le Conseil d'État.
Jean-Louis Bertrand, président de APROVA, s'est lui attaché à présenter la problématique particulière de Saverdun et de la gravière Denjean actuellement remblayée par des déchets.
Henri Delrieu et Michel Teychenné ont pointé le faible retour économique de ces gravières pour la Basse-Ariège, tant sur le plan de l'emploi local que sur le plan de la fiscalité locale , loin du désastre écologique que représente cette concentration d'exploitation sur notre territoire.
Dans le cadre des nouvelles responsabilités des Communautés de communes en matière d'environnement et de gestion de l'eau, il a été décidé de sensibiliser plus fortement les maires, les conseillers municipaux et les conseillers communautaires de la Communauté de communes des Portes d'Ariège Pyrénées, pour leur demander d'agir au plus vite pour arrêter ce désastre.