Dans La Dépêche :
PAMIERS,
TEYCHENNÉ SORT L'ARTILLERIE LOURDE
"Je connais André Trigano depuis 1985. J’ai du respect pour l’homme et une forme d‘amitié pour lui". Voilà pour les gentillesses. Pour sa dernière conférence de presse, Michel Teychenné a tapé gaiement sur son adversaire préféré. "Je ne condamne pas l’homme mais la méthode". Pour lui, André Trigano est le symbole d’une "très vieille façon de faire de la politique". "Celle des Dassault, des Gaudin". "Il a fait le mandat de trop", assure-t-il.
L’opposant a mis en cause la gestion du personnel. La trop grande "consanguinité" qui règne à la mairie. Il ne pouvait pas ne pas citer l’embauche de la fille d’Hubert Lopez, "le sortant sorti", actuel élu qui demeure directeur de campagne d’André Trigano.
Il attaquait ensuite avec une de ses vieilles lubies : les indemnités des élus. "À Pamiers, tous les élus de la majorité touchent. Ils se partagent le gâteau". Un gâteau qui s’élève selon lui à 1 M€ sur le mandat. Pour lui, il faut diminuer d’un tiers les indemnités et interdire le cumul de fonctions avec la communauté de communes.
Venait ensuite le "dépeçage du patrimoine municipal". Là encore un vieux combat de l’opposant. Il a cité plusieurs exemples : l’ancienne école des Canonges, le "tour de magie" des 84 maisons de l’îlot Sainte-Claire, la pépinière d’entreprises… Mais a surtout insisté sur une maison achetée pour améliorer un carrefour et revendue au final à un futur adjoint (Xavier Fauré) et sur un terrain vendu au fils d’une adjointe (Pancaldi) pour créer une cidrerie. "Ils ne sont même pas rester sur sa liste. La reconnaissance du ventre, ce n’est pas leur problème".
Michel Teychenné, qui avait bien préparé ses bons mots, ne pouvait pas ne pas évoquer le concert de Johnny ou encore le bétonnage de Milliane pour 3, 5 M€. Deux autres de ses grands combats !
Il dénonçait pour finir deux projets de rénovation urbaine. L’immeuble Laroque qui va coûter 500 000 € sur 20 ans à la ville. + 500 000 € pour l’aménager. "Et au bout, la ville a juste le droit d’acheter ce qu’elle a déjà payé" souligne-t-il en dénonçant un "copinage malsain". Enfin, la villa Major, par laquelle selon lui, le maire n’a pas voulu attendre de nouvelles subventions pour commencer les travaux avant l’élection. Soit un coût de 800 000 € selon lui pour la ville. "On subventionne des logements pour des gens aisés. C’est scandaleux".
Pour Michel Teychenné, il est donc temps de changer de génération et de méthode. D’où son soutien à la liste Mémain.
Budget : la colère
Michel Teychenné a dénoncé l’absence de vote du budget. "Il aurait pu au moins faire comme à Foix un débat d‘orientation budgétaire. C’est la première fois qu’on ne vote pas le budget avant une élection. On l’a toujours fait sauf cette année où il est boiteux".
Pour lui, André Trigano veut ainsi cacher son bilan budgétaire et l’important endettement de la ville. "On a emprunté à tour de bras. La dette va se trouver autour de 22/24 M€", assure-t-il.
Pour lui, c’est aussi ne pas aider la future municipalité qui aura un mois pour faire un budget sans connaître auparavant les restes à réaliser. "On pouvait très bien voter un budget et la future équipe aurait pris une décision modificative trois mois plus tard".
Trigano et Fauré. Contacté hier, le maire, André Trigano n’a pas souhaité répondre aux attaques de Michel Teychenné. Une règle qu’il s’est fixée depuis longtemps face à la virulence de son opposant.
Quant à Xavier Fauré, il rappelle que l’achat de cette maison a eu lieu en 2009 à une époque où il ne connaissait pas le maire et où il n’était pas élu.
Mémain : "Éviter ce type de dérives"
Daniel Mémain a ensuite pris la parole. Il a souligné que son équipe travaillait avec Michel Teychenné afin d’éviter ce type de dérives. "Nous travaillerons en équipe et on mettra des garde-fous qui sont inscrits dans la loi", précise-t-il. Ainsi, il y aura un référent déontologie. "Nous ferons preuve de transparence en publiant des informations sur le site de la ville. Aujourd’hui, même celles qui doivent légalement l’être ne le sont pas". Enfin, s’il est élu, Daniel Mémain proposera la vice-présidence de la commission des finances à l’opposition. Sans oublier le fameux référendum d’initiative populaire cher aux gilets jaunes, qui soutiennent sa liste.
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INTÉGRALITÉ DU TEXTE DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE
J'ai décidé d'intervenir dans la presse avant le dernier conseil municipal de la mandature parce que le maire de Pamiers ne veut pas réunir la Commission des finances et refuse de présenter le budget 2020 avant les élections. Jamais en 25 ans il n'avait osé avoir un tel comportement.
Le maire de Pamiers a toujours fait voter le budget de la ville avant les élections municipales. Ne pas le faire montre à quel point il veut cacher la mauvaise situation financière de la ville. Même le débat d'orientation budgétaire est annulé, car il obligerait le maire à présenter un état de la dette municipale et des effectifs des personnels municipaux, avec les éléments financiers liés au coût de personnel – plus de 12 millions d'euros quand même.
André Trigano donne des chiffres « farfelus » à la presse, mais refuse aux élus les documents et des réunions officielles sur le budget. La manoeuvre est grossière et peu glorieuse pour lui.
La Mairie a emprunté 4 millions en 2019 et 7 millions déjà en 2020, soit 11 millions en deux ans. En tenant compte des remboursements d'emprunts, la dette de la ville se situe aujourd'hui entre 22 et 24 millions d'euros minimum, ce qui est énorme en ce début du Contrat de Ville où la Mairie s'est engagée pour plus de 7 ou 8 millions d'emprunts nouveaux. Sans parler des besoins financiers pour l'entretien et l'investissement au profit des 80 % du territoire communal et de la population de la ville qui ne sont pas dans le Contrat de ville.
Trigano le magicien fait disparaître les réunions et les documents officiels avant les élections, faute de faire disparaître la dette. C'est irresponsable, c'est scandaleux.
Si on en est à ce point de pouvoir personnel et de mépris pour le Conseil municipal, c'est que le système Trigano n'a rien à envier au système Dassault à Corbeil Essonne ou à celui de Gaudin à Marseille. Même génération, mêmes méthodes !
André Trigano a malheureusement fait le mandat de trop, il est totalement déconnecté de la population de Pamiers. Je connais André Trigano depuis les années 80. J'ai de l'estime pour son parcours et même de l'affection pour le personnage, mais aujourd'hui il incarne cette politique à l'ancienne où l'on promet plus que l'on ne tient. Et force est de constater que dans ce mandat, il n'a tenu aucune de ses promesses de 2014 !
Ce n'est pas sérieux de sa part d'annoncer aujourd'hui qu'il ne restera maire que deux ou trois ans. En mars, nous élirons un maire pour six ans, pas un maire qui pourrait en cacher un autre... que les Appaméens n'auraient pas choisi !
En 12 ans au conseil municipal, j'ai toujours combattu ces méthodes, ces pratiques d'un autre âge qu'André Trigano appelle « l'expérience » mais qui ne sont que de la « politique à la grand-pépé », du clientélisme, du copinage payé par tous au profit de quelques-uns. La Mairie est devenue la propriété d'un clan qui se dispute l'héritage, mais ne vous y trompez pas : ce sont les mêmes, formés par Trigano à ces méthodes et qui ont tout voté avec lui ! Ils ne se battent que pour garder leur « pré carré ».
La gestion du personnel
Il faut mettre un terme au privilège du maire qui embauche qui il veut et quand il veut sans respecter les règles. Le copinage et le clientélisme sont la seule règle. Fils, filles, gendres d'élus ou de proches du maire ont été recrutés à la place de candidats compétents, mais sans piston. La dernière en date est une pépite du genre : l'embauche de la fille du directeur de campagne (conseiller municipal sortant et sorti) du candidat Trigano en dehors de toutes les règles, à un poste taillé sur mesure. Il fallait oser !
Il faut remettre de la justice et de l'équité dans la gestion du personnel qui, dans sa grande majorité, est compétent et supporte mal ces passe-droits et cette gestion clientéliste du personnel municipal. Cela fait 25 ans que ça dure pour lui aussi !
Une solution simple pour en finir avec ces méthodes : toutes les embauches en Mairie devraient passer par une commission paritaire avec des élus de la majorité et de l'opposition qui vérifieraient la régularité de la procédure et les compétences des candidats.
Les indemnités des élus : un million d'euros d'argent public sur ce mandat
Je rappelle ma position constante sur ce sujet. Je trouve anormal que la Ville de Pamiers soit la seule ville en Ariège dont tous les conseillers de la majorité reçoivent une indemnité. Anormal que la ville dépense 180 000 euros par an en indemnités, et cela en période de crise. Il est aussi anormal que certains élus cumulent les indemnités de la Mairie et de la Communauté de communes pour la même activité. Cela leur garantit la coquette somme de 1500 euros mensuels alors qu'aucun des adjoints concernés n'est dans une situation financière difficile... pour le moins. En 12 ans de mandat, Bernadette Subra et moi-même n'avons pas touché le moindre centime de la Mairie de Pamiers. Il faut aussi le dire, et c'est totalement normal pour nous.
Quant au maire et président de la Communauté de communes, malgré les fausses allégations qu'il a fait courir en ville, il cumulait bien les indemnités. En moyenne sur 25 ans, cela donne pour les deux indemnités entre 3500 et 4000 euros par mois en fonction des périodes. Charité bien ordonnée commence par le maire !
J'ai personnellement toujours proposé de diminuer cette enveloppe d’un bon tiers et d’affecter ces crédits au CCAS et aux associations qui luttent contre la pauvreté à Pamiers, de réserver prioritairement les indemnités aux élus en activité pour compenser leurs pertes de salaires, et de supprimer le cumul d'indemnités entre les élus municipaux et communautaires. Des mesures simples et justes qui n'ont jamais été prises bien sûr...
Le dépeçage du patrimoine municipal
À Pamiers c'est le maire qui décide de vendre des pans entiers des biens communaux, sans publicité, sans mise en concurrence, à qui il veut et au prix qu'il veut. Souvent le prix plancher est celui des Domaines, qui est ridiculement bas. Quelques exemples :
La vente de l'ancienne école des Cannonges, vendue en toute discrétion à un promoteur qui laisse depuis ce terrain vague à l'abandon, n'ayant pas obtenu d'autorisation pour les « cages à lapins » qu'il souhaitait y construire. Les riverains ont fait annuler le permis de construire de la Mairie. Un joli fiasco pour le maire qui avait signé le permis.
La vente de la pépinière d'entreprises située dans les bâtiments des abattoirs. Même méthode. Pamiers n'a plus de pépinière d'entreprises, le maire s'en moque comme de son premier million.
La vente à l'angle de l'avenue Tournissa et de la route de Mirepoix d'un beau terrain acheté et déblayé par la Mairie pour améliorer le carrefour et embellir cette entrée de ville. Terrain subitement vendu pour permettre une opération immobilière commerciale à... un futur adjoint, qui a rejoint quelque temps après la liste Trigano et présente aujourd'hui une liste à ces élections... La mémoire ça compte aussi en politique, tous n'ont pas une mémoire de poisson rouge.
Et que dire de la vente en pleine zone industrielle de Gabrielat d'un terrain pour faire un restaurant dans une cidrerie artisanale. Vente effectuée à la société appartenant au fils d'une adjointe, vice-présidente de la Communauté, cela il y a tout juste trois mois ! Manque de pot pour le maire, une fois la vente votée, ladite adjointe a filé sur une autre liste. Même pas la reconnaissance du ventre... Et encore un restaurant hors du centre-ville sans appel à candidature et sans débat sur son utilité.
Plus fort encore, la Mairie a acheté il y a trois ans 84 maisons dans l'îlot Sainte- Claire. Trigano le maire les a achetées à Trigano le président de la Communauté de communes pour boucher les trous financiers de la Communauté. Une ardoise de 2,2 millions et quelque pour les Appaméens, pour des maisons en prime achetées plus cher que la Communauté ne les avait payées ! Un vrai tour de magie budgétaire.
Pour mémoire, la Mairie a aussi acheté à bon prix à un adjoint une maison hors zone d'achat pour la rénovation urbaine, en haut de la rue Gabriel-Péri. Cela fait 10 ans que la Mairie paye les frais d'une maison non revendable dont elle ne sait que faire. L'adjoint, lui, a réinvesti sur la zone de la Bourriette, tout va bien pour lui, merci.
La liste est encore longue, ce n'étaient que quelques exemples...
Si toutes ces ventes sont contestables par la méthode, par le manque de transparence (à la bourse on parlerait de « délits d'initiés »), elles n'en sont pas moins légales puisque votées en Conseil par la majorité dans une discipline totale et sans poser de questions. Elles sont , cela dit , moralement et éthiquement contestables et nous les avons toutes contestées... sans grand succès. Ce n'est pas la malédiction de l'opposition, mais l'arrogance de cette majorité qui se pense propriétaire de la ville et veut en disposer à sa guise.
Pour éviter ces combines et ces pratiques, la Commission des finances doit être en charge des ventes des biens communaux. Deux mesures simples :
- obligation de publicité pour la vente d'un bien communal;
- vente au mieux-disant et/ou au meilleur projet pour la ville.
Il faut en finir avec les arrangements entre amis dans le bureau du maire, que l'on découvre au dernier moment en conseil municipal.
Les projets électoraux ruineux et bâclés
Je commencerai par le concert de Johnny, de sinistre mémoire pour les finances de la ville. Concert payant mais qui a coûté au moins 600 000 euros de subventions diverses et de moyens municipaux mis à disposition. Il ne faut pas l'oublier, c'est une des grandes « réussites » de ce mandat quand même !
Après cinq ans d'inaction et de routine, le maire a été pris d'une frénésie de chantiers avant les élections : goudronnages de toutes sortes, changement de l'éclairage public, et le projet phare de Milliane.
Après avoir vendu un gros bout de Milliane pour faire un cinéma, le maire s'est ravisé. Il fallait rénover Milliane. Le projet initial devait coûter 1,5 million d'euros pour « verdir » la place. Résultat : des travaux qui n'en finissent plus pour un coût total d'au moins 3,5 millions d'euros, subventions comprises heureusement pour nous.
Rien n'est trop cher pour une inauguration avant les élections. C'est ce que le maire appelle son « l'expérience » de la chose publique.
Le projet immobilier de l'immeuble Laroque : la Mairie s'est engagée à louer et à aménager le rez-de-chaussée de 500 mètres carrés inutilisable par le promoteur, soit 500 000 euros de location sur 20 ans, plus l'aménagement et l'équipement du local « brut de décoffrage » – un minimum de 1000 euros le mètre carré, soit 500 000 euros. Mais le plus beau de tout, au bout des 20 ans, c'est que ce n'est pas la Mairie qui sera propriétaire du local, mais plutôt... le promoteur !!! La Mairie sera quand même prioritaire si elle veut racheter cette « taïchounière » invendable, sombre et enclavée, histoire de la payer deux fois ! Et comme il s'agit d'une location, le Conseil municipal n'a même pas voté ! Le maire a signé tout seul comme un grand ce cadeau... à un ami de la Mairie. Les travaux seront, eux, dans le budget 2020 après les élections, un vrai tour de magie !
Encore plus fort, le projet immobilier pompeusement appelé Villa Major, 14 appartements de luxe en centre-ville. Seul problème, ce programme immobilier est déficitaire malgré les diverses subventions du Contrat de ville, il manque 850 000 euros pour lancer le projet. Il faut le revoir complètement ! Mais le maire le veut en chantier avant les élections. Ni une ni deux, la Mairie donne une subvention d'équilibre de ... 850 000 euros, soit un peu plus de 60 000 euros par appartement de l'argent des contribuables appaméens !!! Rien n'est trop beau pour la campagne du maire sortant, avec l'argent des autres bien sûr.
Là aussi ce ne sont que quelques exemples.
Conclusion : ce mandat est vraiment le mandat de trop. Les divisions dans la majorité en sont la preuve, mais remplacer les uns par les autres, c'est continuer le même système, les mêmes méthodes avec des têtes même pas nouvelles. Rien ne changera. Quand les mauvaises habitudes sont prises, elles persistent.
Il est temps de mettre un grand coup de balai à la Mairie de Pamiers.
Quant à moi, je reste un Appaméen amoureux de ma ville. Je livre ici mon témoignage en toute franchise de 12 ans d'engagements et de combats, avec Bernadette Subra pour qui j'ai de l'affection et beaucoup de respect pour sa droiture et son humanité. Elle fut très précieuse durant toutes ces années.
Contraint par mes problèmes de santé, une page se tourne pour moi, je passe le relais à Daniel Mémain. Il sera un bon maire proche des gens.
Michel Teychenné
Ancien député européen
Conseiller municipal et communautaire