Après s'être retiré de la politique en raison de problèmes de santé, Michel Teychenné coule une retraite heureuse dans sa propriété de Pailhès où il a tout le loisir de restaurer ses nombreuses calèches.
Et de lire La Dépêche du Midi.
Depuis sa colline, Ségolène toise le visiteur qui se serait égaré. "Elle est née l'année où la vraie s'est présentée", sourit Michel Teychenné en regardant l'un de ses chevaux préférés. Certes, il a quitté le PS. Mais 30 ans d'engagement au nom du parti de la rose, cela ne s'oublie pas comme ça. Retiré des affaires politiques, l'ancien élu de l'opposition au conseil municipal coule des jours paisibles dans son immense propriété située à Pailhès. Il faut dire que ses deux passions sont quelque peu envahissantes : l'équitation, et sa collection de 40 calèches. "Ça a commencé lorsque ma grand-mère m'a donné le carretou qu'elle utilisait afin d'aller de Joucla à Pamiers pour porter la gamelle de mon grand-père qui travaillait à l'usine. J'avais 14 ans." Et le jeune cavalier s'est pris au jeu.
" On y est dans le mur! "
Cinquante ans plus tard, Michel Teychenné est le propriétaire de 40 calèches, breaks de chasse, voitures pour dames ou gouvernantes, fiacres et autres cabriolets du XIXe siècle. Il y a en a qui servaient à se rendre sur les plantations, d'autres qui se transformaient en tribunes royales. Parisiens, toulousains, américains ou allemands, ces engins passaient tous entre les mains de Michel Teychenné et de ses restaurateurs privilégiés pour retrouver une seconde vie. Mais il détient aussi une charrette anglaise du charron local Trezier ou la calèche du banquier de Lavelanet. "En Ariège on trouvait peu, car c'était l'apanage des riches," glisse-t-il en ouvrant un de ses hangars. Le paradis du harnais avec un voyage dans le temps à la clé. "On voulait ouvrir pour les Journées du patrimoine, mais vu le contexte sanitaire... Peut-être cette année? " Gageons-le. Car Michel Teychenné a bien conscience qu'il fait partie des profils à risques. Satanée santé. La même qui l'a éloigné de la politique après une carrière bien remplie.
Avec une famille à cheval entre Saint-Jean-du-Falga et Foix, le petit Michel a débuté ses études au lycée agricole de Pamiers. Cap sur le tourisme. 1986 : il rencontre le ministre Jospin. Assistant puis conseiller à son cabinet, il quitte les lieux comme son mentor en 1991. L'Ariégeois traverse l'Atlantique pour diriger la communication de l'Agence universitaire francophone au Canada. C'est là-bas qu'il rencontre Antoine, l'amour de sa vie. Puis retour ensemble en France.
Au sein de ce qui deviendra l'Institut supérieur du tourisme, de l'hôtellerie et de l'alimentation (ISTHIA) de la faculté Jean-Jaurès, à Toulouse, il collabore avec la rectrice Nicole Belloubet. Avec son complice Vincent Peillon, pour qui il rédigera un rapport sur l'homophobie, il fonde le "Nouveau Parti Socialiste". Est-ce que celui qui fut aussi premier secrétaire du PS en Ariège avait déjà en tête de faire défection? Pas sûr. Alors qu'il est élu député européen en 2008, Michel Teychenné fait son entrée au conseil municipal de Pamiers. Face à son "ami" André Trigano, il fera bien sûr figure d'opposant. "Il a réalisé beaucoup de bonnes choses pour la Ville, mais il aurait dû s'arrêter en 2014, C'était le mandat de trop", estime celui qui a préféré quitter le PS il y a une dizaine d'années. Trop de "désaccords" avec l'appareil local. L'alliance Fauré-Teychenné n'aura jamais lieu. "Et sur le plan national, on voit où la politique libérale de Valls et Hollande nous a menés! On y est dans le mur!"
Capable de s'exprimer sur le moindre dossier "polémique" en cours à la Mairie de Pamiers, on en vient à se demander si tout cela ne lui manque pas un peu quand même? Il laisse le soin à Antoine de répondre " Non, pas dans la conjoncture actuelle..."
La Dépêche du Midi - Géraldine Jammet