Michel Teychenné exprime son indignation après l'adoption de la "directive de la honte" par le Parlement européen
Les Socialistes français se sont opposés au compromis négocié par le Rapporteur conservateur Manfred Weber portant sur une proposition de directive relative aux " normes et procédures applicables dans les Etats membres au retour des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier", à savoir les conditions de détention puis d'expulsion des étrangers en situation irrégulière.
Aucun des 10 amendements que le groupe PSE avait présenté n'a été adopté. Le texte reste donc inchangé par rapport au compromis indigne adopté par le Conseil le 5 juin dernier.
C'est un signal inquiétant pour la démocratie parlementaire européenne, puisque sur le premier texte en codécision dans le domaine de l'immigration clandestine, le Parlement européen a abandonné son pouvoir de co-législateur et abdiqué son rôle de représentant de la voix des peuples. La droite a cédé à un chantage inacceptable des Etats membres, alors même que sur les droits de l'Homme nous devons rester intransigeants.
Je suis interloqué par le rejet par la droite conservatrice et nationaliste de ce Parlement de l'amendement visant à garantir qu'aucun enfant mineur ne soit expulsé sans que l'on s'assure des conditions d'accueil dans le pays d'origine, à minima une personne de sa famille ou un tuteur légal. Il s'agit d'une violation manifeste des textes internationaux en matière de protection des droits des enfants. Il est choquant que l'UMP, le Nouveau Centre et l'Extrême-Droite aient voté contre l'amendement relatif à l'intérêt supérieur des mineurs et situation irrégulière. Par ailleurs, le maintien d'une durée de détention dans des centres de rétention pouvant aller jusqu'à 18 mois est totalement scandaleuse. L'absence de titre de séjour est un manquement d'ordre administratif et nullement un délit.
Plus globalement, je suis extrêmement inquiet devant le durcissement ahurissant de la politique migratoire qui se met en place au niveau européen via les dispositions nationales ou communautaires. Ces mesures destinées à l'électorat le plus conservateur et à l'Extrême-Droite sont contraires aux Droits de l'Homme, liberticides, et en plus inefficaces pour s'attaquer au fond du problème. Nous devons sortir au plus vite de cette approche dogmatique qui criminalise les étrangers. Nous devons. avec le Parti Socialiste Européen, défendre une politique migratoire fondamentalement différente en France et en Europe qui respecte le droit des étrangers et ouvre, enfin, des canaux légaux et régulés d'immigration de travail. Cette Europe forteresse n'est pas acceptable. Elle est dangereuse et ne règle rien.
MICHEL TEYCHENNÉ
Député européen suppléant
Président du Groupe de Gauche à la Mairie de Pamiers