Hier matin, Georges Frêche savourait sa revanche. Lui le banni, exclu du PS en janvier 2007 pour avoir jugé qu'il y avait trop de joueurs noirs en équipe de France de football, posait devant les caméras et les photographes avec Ségolène Royal. Quand il accueille l'ex-candidate à sa descente du TGV, le président (divers gauche) de Languedoc-Roussillon, véritable « patron » de la région, a donc le sourire.
La venue de Royal vaut toutes les réhabilitations. « Bonjour ma belle. », lance-t-il à la visiteuse, qui n'en demande pas tant. Lorsque les journalistes commencent à poser des questions, Royal esquive : « Pas maintenant, pas maintenant. » La réputation sulfureuse de Frêche en fait un interlocuteur à côtoyer avec des pincettes. D'ailleurs, ils ne montent pas dans la même voiture.
« Ce n'est pas vraiment notre conception ni de la fraternité »
Pendant un bon quart d'heure, Frêche tient donc sa propre conférence de presse, obligeant son hôte à patienter dans le cortège. La veille, ils ont eu un échange téléphonique. Il l'accueillera seulement à la gare, mais il n'est pas question d'aller plus loin. D'autant que le matin même de son arrivée à Montpellier, il a estimé dans une interview au « Parisien » et « Aujourd'hui en France » qu'il n'y avait rien de choquant dans les propos de Brice Hortefeux à l'égard d'un jeune UMP d'origine maghrébine.
Au parc de Grammont, la nouvelle a vite fait le tour. Amine, « Auvergnat et Arabe », ne cache pas son malaise : « S'afficher avec lui me laisse perplexe. » « Frêche, ce n'est pas vraiment notre conception ni de la fraternité ni de la modernité en politique », soupire l'ancien eurodéputé Michel Teychené. « Sa venue serait insultante, surtout pour moi », lance Karima, à la boutique Désirs d'avenir. Contrairement aux rumeurs, Frêche ne s'est pas invité à la fête. Au plus grand soulagement de Royal.
Le Parisien
Lundi 21 septembre 2009