Monsieur Calleja, président de l'UMP Ariège, découvre la crise du lait, dit-il, depuis une semaine.
Le 27 mars, avec Kader Arif, en tant que députés européens, nous étions Place du Capitole à Toulouse pour soutenir les producteurs laitiers qui alertaient les pouvoirs publics sur la crise dans leur secteur. J'avais ce jour-là, à la télévision régionale, expliqué l'urgence d'agir et les responsabilités du gouvernement français et de la Commission européenne de M. Barroso, qui avaient les moyens d'agir dans le cadre de la réglementation actuelle.
Au Parlement européen, avec les députés socialistes, nous avons relayé l'appel des producteurs de lait et vivement condamné la décision du Ministre de l'Agriculture, M. Barnier, qui a voté en novembre 2008 pour la suppression des quotas laitiers et pour la libéralisation du marché, sur proposition de la commissaire Mme Fisher-Boel et du président Barroso.
Six mois après, la crise a empiré en raison de la léthargie du gouvernement français et de la Commission européenne. Les éleveurs laitiers sont à bout, financièrement et moralement. Des millions de litres de lait sont jetés! Mais rassurez-vous : l'UMP et M. Calleja veillent, M. Barnier est depuis devenu député européen et est candidat à un poste de commissaire européen, M. Baudis, nouveau député européen et ami de M. Trigano, a voté Barroso, André Trigano a bu un verre de lait à Pamiers avec les éleveurs, et M. Calleja se fend d'un communiqué pour nous dire, naïvement, je le cite : " La disparition progressive des quotas laitiers programmés pour 2015 est difficile à remettre en cause. " Et pour cause! C'est Barnier, ministre UMP de l'Agriculture, qui l'a votée!
Sans les quotas, sans l'intervention publique pour encadrer le marché du lait - une politique qui a bien fonctionné avant que la droite ne la casse -, ce sera la libéralisation du secteur, l'achat du lait par les industriels sur le marché mondial et, disons-le, la fin de la filière laitière en Europe, car le prix mondial est très bas et les garanties sanitaires pour les consommateurs sont en plus quasi nulles. Rappelons-nous de la récente affaire du lait chinois...
Ce sont six mois de perdus pour les laitiers asphyxiés, mais six mois de gagnés pour le gouvernement et la Commission de M. Barroso en vue de déréguler le marché du lait. Alors, M. Calleja, assumez vos choix politiques et séchez vos larmes de crocodile. L'année dernière déjà, 5 000 exploitations laitières en France disparaissaient. C'est cela, la réalité de votre politique.
MICHEL TEYCHENNE
Député européen sortant