Que vont les abattoirs devenir? Question épineuse s'il en est et qui, au dernier Conseil municipal, aurait dû faire grand débat si le Maire, habile, n'avait pas tranché net la question sur le billot d'une séance suffisamment houleuse pour en rajouter. Ainsi donc, il décida de retirer la question à l'ordre du jour, prenant à contre-pied une Opposition frustrée de ne pouvoir en découdre. Pire, dans un grand moment d'inspiration politique, André Trigano renvoya tout ce beau monde à ses chères études en donnant un mois au tandem improbable Subra-Deymier afin qu'il trouve une solution viable pour ce dossier. « Si vous trouvez mieux, tant mieux! », balaya définitivement le premier magistrat, insolent de maîtrise.
Pour Émile Franco et ses troupes PS, il est évident qu'il faille sauver le « soldat » abattoir. Mais la solution proposée par M. Deymier, qui consiste à céder au privé et à l'euro symbolique l'établissement et ses 2 000 m2 situés au coeur de la zone du Pic, « dépasse l'entendement et n'est pas défendable en regard des deniers des contribuables investis ». Pour M. Deymier, qui n'exclut pas, bien au contraire, de travailler avec les quatre chevillards du coin, il est évident que la régie municipale est un système révolu,. L'option serait plutôt du type société d'économie mixte, une structure pouvant bénéficier des fameux 12 % de subventions régionales et de 12 % de l'Europe.
OBJECTIF : 5 000 TONNES
Mais au-delà, il s'agit de dépasser le cap fatidique des 3 500 tonnes de viandes « traitées » par l'abattoir de Pamiers sur un exercice et de tendre vers les 5 000 tonnes synonymes de seuil de rentabilité effectif. Certes, il ne suffit pas de soulever la patte d'une vache pour y trouver les solutions aux maux dont souffrent les abattoirs. Émile Franco en est bien conscient, mais pour lui une autre voie est possible. Et M. Franco de lancer un appel solennel à la grande distribution ariégeoise en particulier, et aux consommateurs en général : « Il faut que les grandes surfaces s'engagent sur l'achat de viande estampillée de chez nous, de nos éleveurs et de nos estives, il faut consommer de la viande de l'Ariège. Celle de nos éleveurs ariégeois. Peut-être que cela coûtera légèrement plus cher, mais c'est le prix à payer pour la qualité et la sauvegarde d'emplois pour toute une filière », analyse le tête de liste du PS aux dernières municipales. Une filière qui a eu à subir les effets désastreux de la « vache folle » hier et du combat de certains écologistes qui stigmatisent les bovidés pour leur impact néfaste sur l'environnement, en terme de pollution notamment.
Bernadette Subra, « nostalgique » qui voue une passion presque viscérale aux abattoirs de Pamiers et à l'aventure humaine qu'ils ont pu représenter depuis les années « 70 » notamment, évoque une désaffection du domaine public et plaide avec le coeur pour une double stratégie de protection des acquis municipaux et de développement pérenne : « Il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs. Vendre les abattoirs pour l'euro symbolique, c'est irrecevable! C'est une erreur stratégique lourde et une gabegie. Il faut trouver d'autres solutions pour pérenniser la structure et les emplois qui en découlent. Il faut rester propriétaire et partir sur un bail commercial. » Qu'à cela ne tienne. La balle est désormais dans son camp. Le Maire André Trigano lui a donné un mois pour ficeler le dossier.
La Dépêche du Midi – Un article de Xavier Olmos, 30 décembre 2008