Émotion très vive hier matin à Pamiers après l'arrestation, vers les 6 heures, de la famille Nikogossian au complet (Stella et Andranik les parents, Hélène et Asen les enfants), amenée dans les locaux du commissariat appaméen. Pour mémoire, cette famille qui vit en France depuis des années après avoir fui son pays natal, une partie de l'Arménie aujourd'hui occupée par l'Azerbaidjan, réside en Ariège. « Sans papiers », elle est sous le coup d'un arrêté d'expulsion. Au début de l'été une forte mobilisation s'était fait jour à Pamiers, autour des parents et surtout des enfants, scolarisés dans la cité des trois clochers.
Hier matin, les membres du comité se sont regroupés pour manifester leur soutien à la famille placée en garde à vue. La veille encore M. Nikogossian avait vu Alain Drappier, tout allait bien. Mais hier vers 6 heures l'alerte était donnée. Une quinzaine de membres du comité de soutien se sont aussitôt rendus devant le commissariat, dans l'attente de nouvelles, que devait donner l'avocate commise d'office, Me Magalie Obis : « Je suis venue les assister dans le cadre de leur garde à vue et m'assurer des conditions de celle-ci. Les auditions se poursuivent, je m'en vais prévenir leurs avocats, notamment Me Dedieu ! » L'avocate indiquait qu'ils bénéficiaient d'un bon traitement, ce que venait confirmer peu après le maire André Trigano, venu lui aussi aux nouvelles : « Je suis venu m'enquérir des conditions dans lequelles la famille est entendue, vérifier qu'ils bénéficient d'un bon traitement, et en particulier les enfants. Je ne me prononce pas sur la procédure, mais je vais intervenir auprès du préfet ce matin ! » Le maire de Pamiers était accompagné de Lucien Quèbre et Françoise Pancaldi maires adjoints. Michel Teychenné, conseiller municipal socialiste, et membre du comité de soutien, se trouvait lui aussi devant l'hôtel de police. Il dénonçait cette situation : « On assiste à une parfaite illustration d'une logique comptable pour atteindre les quotas d'expulsion. Alors que M. Nikogossian avait un travail, dont on l'a privé, que son employeur se dit prêt à le reprendre tout de suite, que les enfants suivent une parfaite scolarité, qu'une véritable mobilisation existe à Pamiers et en Ariège autour de leurs personnes, nous sommes dans l'absurdité totale ! » Les membres du comité à Pamiers devaient rejoindre le rassemblement de Foix, prévu en fin d'après-midi à la mairie de la préfecture.
La réunion a rassemblé pas mal de monde à la salle Frédéric-Soulié. Christian Morisse, pour la Ligue des droits de l'homme, conteste les méthodes préfectorales. Il souligne que c'est du « pur sadisme » puisque il n'y a pas d'autorisations pour envoyer directement tous ces gens en Arménie. « Ils resteront au centre de rétention deux jours, puis on demandera des prolongations, et ainsi de suite… » Et de rappeler qu'une famille fuxéenne était, il y a quelques mois, revenue du centre haut-garonnais parce qu'on ne pouvait l'y laisser avec un bébé de deux mois et demi. « Mais le préfet fait encore appel en cassation ! » RESF rencontre le préfet ce matin. Sans illusion.
Source : La Dépêche du Midi (Ariège) - 8 août 2008 - Jean-Philippe Cros et Jean Martinet
Photo DDM J.-P. C. - La Dépeche du Midi