PAMIERS ET SA RÉGION
PUBLIÉ LE 16/11/2012 10:00
AJOUTER UN COMMENTAIREEXPLOSION DE LA COTISATION FONCIÈRE DES ENTREPRISES
Les commerçants sont en colère ! Leur feuille d'impôts fait ressortir l'explosion surprise du montant de la cotisation foncière des entreprises: jusqu'à 800 % pour certains! Dans leur ligne de mire, la municipalité.
Si en automne les feuilles mortes rappellent celles des tisanes froides au fond des tasses, les feuilles d'impôts, elles, ont parfois l'effet d'une feuille toile émeri sur une plaie ouverte.
À en croire un certain nombre de commerçants de Pamiers, leur feuille d'impôt tombée ces derniers jours a plus que plombé le moral des troupes et pour certains, le recours au défibrillateur n'aurait pas été un luxe. En cause, le montant de la cotisation foncière des entreprises (CFE) qui a littéralement explosé jusqu'à 800 %- d'augmentation ! «Un coup de massue !» pour certains, «un scandale qu'on va dénoncer» pour d'autres. Comme cette petite dame, commerçante en centre ville qui payait 300 euros par le passé et qui a vu sa dernière cotisation dépasser les 2 800 euros. L'énorme surprise a fait place à l'inquiétude et la colère se qui se sont répandues mardi comme une traînée de poudre dans les rares boutiques qui n'ont pas encore cédé à la tentation de partir dans les galeries marchandes des grandes surface situées en périphérie de la ville.
L., restaurateur en centre ville ne décolère pas et s'indigne «On avait déjà les banderilles plantées dans le dos. Là, c'est carrément une mise à mort ! Payer des impôts ? Oui, mais pas dans ces proportions !» Et en observateur avisé de la vie du centre ville de prédire, fataliste : «Les rideaux vont se baisser un à un. Ca va accélérer le processus déjà bien engagé de paupérisation du centre ville.». Aline, elle, tient une petite boutique de lingerie. «Je n'ai pas encore fini de payer mon crédit. On ne vend presque plus rien et ça, ça arrive comme un coup de grâce…» Du côté du centre des impôts, le téléphone des réclamations est en surchauffe. «J'ai appelé pour avoir des explications, témoigne Sandra, on m'a répondu que cette décision émanait de la municipalité.» La hausse de ce prélèvement hérité de l'ex-taxe professionnelle, est la conséquence d'une décision votée par la majorité municipale en séance du conseil en fin d'année dernière. «Il va falloir qu'il nous explique !» prévient déterminé cet homme d'habitude plutôt réservé tout en brandissant le hors-série de l'Appaméen qui loue les 17 ans de mandature d'André Trigano. Qui devait recevoir hier soir une délégation de commerçants et état de surchauffe…
«Monsieur trigano, faites quelque chose !»
C'est derrière Jacques Mourlane, président de l'association des commerçants de Pamiers, qu'une cinquantaine d'entre eux se sont rendus en cortège hier vers 17 heures à la mairie, pour y rencontrer André Trigano. Ils n'avaient pas le sourire. Une crispation que traduisait une des commerçantes en s'adressant au maire de Pamiers : «La situation est extrêmement grave. On essaye de tenir la tête hors d e l'eau. Et on reçoit cette taxe. C'est catastrophique, les trois quarts des gens qui sont ici ne peuvent tout simplement pas la payer. Faites quelque chose sinon on met la clé sous la porte !» André Trigano n'était pas très à l'aise devant cette jacquerie, certes polie, mais déterminée. Bien sûr la loi est mal fagotée, les décrets d'application sont discutables mais le choix de la base minimum applicable sur la cotisation foncière des entreprises était trop élevé et a eu un effet démultiplicateur. Certes, pénalisée par la disparition de la TP, la ville comme bien d'autres communes, a eu recours à ce dispositif. Mais la main a été trop lourde. Nathalie Ferrère a eu ces mots cinglants : «90 % de ceux qui sont ici ont du mal à se payer un salaire, pourquoi voulez-vous qu'ils vous paient à vous !» Après bien des débats, André Trigano qui goûte peu se genre de situation, et convenant lui-même qu'il fallait y porter remède, a proposé de voter une délibération au prochain conseil, visant à modifier cette fameuse base et la ramener dans des proportions acceptables par tous ! Même au prix d'un manque à gagner pour la commune qu'il faudra compenser par ailleurs. C'est faisable pour 2013, mais l'État et l'administration fiscale l'accepteront-ils pour 2 012 ? Sans quoi le coup étant parti, il restera aux commerçants à demander un étalement pour l'année fiscale en cours.
J.-Ph. C.