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27 août 2014 3 27 /08 /août /2014 17:35
Une analyse politique que je partage ...
Michel Teychenné

 

 

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Gouvernement Valls II : Hollande, Valls et Macron engagent le PS dans un suicide collectif
Publié le 27-08-2014 à 17h03 - Modifié à 17h13

 

Temps de lecture Temps de lecture : 3 minutes

Avatar de Thomas Guénolé

Par 
Politologue

LE PLUS. Le nom du successeur d'Arnaud Montebourg est désormais connu. Emmanuel Macron, ancien responsable d'une banque d'affaires, a été nommé ministre de l'Économie du nouveau gouvernement de Manuel Valls. Tout un symbole politique, estime notre chroniqueur et politologue Thomas Guénolé, qui voit dans cette désignation une erreur probablement irrattrapable. Explications.



 

François Hollande et Emmanuel Macron à l'Élysée, le 27 août 2014 (B. GUAY/AFP).

 

Sans faire le moindre procès d’intention à Emmanuel Macron, sa désignation est une erreur catastrophique et probablement irrattrapable.

 

Comme symbole politique, nommer ainsi ministre de l’Économie un ancien haut responsable de la banque Rothschild après avoir tenu le discours du Bourget, c'est une faute aussi énorme que si, après avoir fait campagne pour le mariage gay, François Hollande avait nommé Christine Boutin ministre de la Famille.

 

Par ailleurs, ce remaniement fut déclenché par Manuel Valls pour mettre un terme aux critiques au sein même du gouvernement. Détail amusant : si son prédécesseur Jean-Marc Ayrault avait appliqué le même principe, Manuel Valls aurait lui-même été licencié à force de le critiquer ouvertement.

 

De surcroît, au lieu de faire les trois remplacements nécessaires et quelques permutations annexes dans le cadre strict d’un remaniement, le tandem Hollande-Valls a choisi l’option spectaculaire d’une démission de tout le gouvernement.

 

C’était inutilement anxiogène : cela a ajouté de la crise à la crise de la gauche, et cela a abouti au paradoxe d’un gouvernement démissionnaire reconduit tel quel pour plus des deux tiers.

 

Une ligne minoritaire à gauche

 

Cependant, là n’est pas l’essentiel. L’essentiel, c’est que la ligne Hollande-Valls-Macron (politique économique de l’offre, politique budgétaire d’austérité) pèse la moitié du PS, c’est-à-dire peu ou prou 15% de l’électorat français. Sur un électorat total de gauche qui pèse environ 40 points, le nouveau gouvernement suit donc une ligne minoritaire dans son propre camp.

 

De fait, le cœur du problème dans ce changement de gouvernement, c’est l’incohérence stratégique profonde dont il procède. En effet, de deux choses l’une : soit vous former un gouvernement de gauche, soit vous formez un gouvernement de coalition centrale.

 

1ère option : faire un gouvernement de gauche

 

Dans ce cas, vous avez l’obligation de bâtir un compromis entre la gauche qui a voté "Oui" à la Constitution européenne et celle qui a voté "Non".

 

En suivant cette option, en aucun cas vous ne devez licencier Arnaud Montebourg. Vous devez au contraire préserver l’union des deux gauches : la libre-échangiste d’un Valls, et la protectionniste d’un Montebourg.

 

2nde option : privilégier la cohérence en matière économique

 

Dans ce cas, pour avoir une assise suffisante dans l’électorat, vous devez ouvrir au plus large possible vers le centre, voire vers le centre-droit. Vous ne pouvez le faire qu’en 2012, sitôt élu, en profitant de "l’état de grâce". Vous pouvez le faire d’autant plus facilement que François Bayrou a fait partie des personnalités appelant à voter pour vous.

 

Dans ce cas de figure, en suivant dès 2012 votre ligne de type Macron, vous perdez ensuite au fur et à mesure des pans de votre aile gauche, mais vous avez embrigadé tout ou partie du centre au démarrage.

 

En revanche, il y a suicide politique si vous ne choisissez ni la première option, ni la seconde. Il y a suicide politique si, tout à la fois, vous vous coupez de la gauche du "Non" et vous le faites trop tard pour que quiconque au centre ou au centre-droit accepte de "rejoindre le Titanic".

 

Il y a suicide politique, en cela que vous vous apprêtez ainsi à gouverner sur un socle de 15% de l’électorat : en guise de socle, plutôt un pal…

 

Seul un miracle peut sauver le PS de la tragédie

 

Ainsi le trio Hollande-Valls-Macron engage bel et bien le PS dans un suicide politique collectif. L’Assemblée nationale, sous la menace d’une dissolution apte à priver nombre de députés PS de leur emploi, ne refusera probablement ni la confiance au gouvernement, ni la loi de finances, ni l’adoption des grandes réformes.

 

En revanche, avec un socle si mince dans l’électorat et l’opinion publique, le trio Hollande-Valls-Macron va, pendant deux ans, lancer les dés dans la rue à chaque grande réforme lancée. À chaque jet de dés, cela passera, ou la rue bloquera la réforme.

 

C’est ce qui était arrivé à Dominique de Villepin (2005-2007), lui aussi sur un gouvernement des derniers fidèles, lui aussi en faisant marcher l’Assemblée au pas : le jet de dés de trop avait été celui du CPE, d’où le coup d’arrêt des grandes manifestations.

 

Cette étape-là est juste possible. La conclusion, elle, est en revanche hautement probable : un tombeau électoral pour le PS, aux régionales puis aux élections générales de 2017, comme aux municipales et aux européennes, du fait d’une grève du vote de tout un pan de l’électorat de gauche.

 

À ce stade, seul un miracle économique sur le front du chômage pourrait enrayer le mécanisme de cette tragédie politique jouée par le PS. 

 

 

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