MICHEL TEYCHENNÉ CHARGÉ DE MISSION SUR L'HOMOPHOBIE
Michel Teychenné vient d'être chargé d'une mission auprès du ministre de l'Éducation nationale, sur la thématique de l'homophobie et plus largement sur les discriminations au sein du monde scolaire. (Lire nos éditions précédentes) Il devra rendre son rapport à Vincent Peillon à la mi-janvier.
Vous voilà investi d'une mission gouvernementale. Pouvez-vous en préciser la nature ?
Le Premier ministre a chargé Vincent Peillon et Najat.V.Belkacem de préparer un plan de lutte contre les discriminations homophobes et LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels). Dans le cadre de ce plan, le ministre de l'éducation nationale est chargé de faire un rapport au premier ministre sur les mesures à mettre en place à la prochaine rentrée scolaire dans les établissements français. Avec une approche différente de cette problématique selon les âges.
Pourquoi cette démarche ?
Une des motivations de Vincent Peillon est qu'au sein de la communauté européenne, la France est un des pays où le suicide des jeunes est le plus élevé chez les moins de 25 ans. Et au sein de ce groupe, le taux de suicide est de six à douze fois plus élevé parmi la population LGBT ! Le suicide des jeunes est la deuxième cause de mortalité après les accidents de voitures, dans la même catégorie d'âge. C'est donc un problème de santé publique !
Pouvez-vous préciser ?
La cause en est un mal être, dû à la solitude, à l'homophobie vécue ou intériorisée, notamment au moment de la découverte de l'orientation sexuelle. On ne choisit pas l'homosexualité, c'est un constat, pas un choix ! Cette période est très délicate car l'école, il faut le savoir, véhicule les mêmes discriminations que la société !
Pourtant, on pourrait croire que les mœurs ont évolué et que les jeunes soient plus ouverts sur ces questions ?
Aujourd'hui, les jeunes sont massivement en faveur de l'égalité des droits, mais au moment de leur passage au collège, et plus tard au lycée, les adolescents en construction peuvent avoir des réactions de groupe ou individuelles très discriminantes, pas uniquement d'ailleurs vis-à-vis de l'homophobie, mais en regard de toute autre forme de discrimination raciste ou sexiste. Et si les enseignants commencent à être sensibilisés, il y a un cruel manque de formation et d'information sur ces sujets.
Quelle méthode allez-vous appliquer pour ce rapport ?
Je suis chargé d'établir l'état des lieux avec les recteurs sur ce qui existe actuellement dans les académies, en matière de sensibilisation et de prévention à toutes ces questions. Je vais réunir un groupe de travail où seront représentés les syndicats de l'éducation nationale, les parents d'élèves, les associations LGBT et les personnes qualifiées, pour les entendre, et écouter leurs propositions. J'expertiserai ces propositions et je ferai ensuite mes propositions au ministre sur l'action à entreprendre. Ce document sera livré début janvier 2 013. Le ministre rendra ensuite ses arbitrages et prendra les mesures qui seront à appliquer pour la prochaine rentrée dans tous les établissements de France.
Michel Teychenné, qui a été chargé d'une mission auprès du ministre de l'Éducation sur l'homophobie dans le milieu scolaire, évoque avec nous sa démarche.
Propos recueillis par Jean-Philippe Cros.