10 mai 2014
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Pamiers. Journée de l'Europe,
« IL Y A UNE FORME DE DÉCEPTION »
Michel Teychenné, ancien député européen, incite à aller voter lors des élections européennes. «Parce que l'Europe est une chance et qu'il faut la réveiller», dit-il.
Il a gardé l'écharpe. Une bande de tissu bleu, frappée des étoiles dorées, que portent tous les parlementaires européens. Il se souvient aussi des discours de plusieurs heures en pleine nuit, des conversations sans interprète dans les couloirs du Parlement européen… entre 2008 et 2009, Michel Teychenné a été député européen. En ce lendemain de la journée de l'Europe, celui qui est aujourd'hui conseiller municipal d'opposition à Pamiersévoque son expérience au Parlement européen. Et livre son ressenti sur les élections européennes du 25 mai, pour lesquelles certains sondages président quelque 60 % d'abstention. Avec le regard de celui qui a vu les choses de l'intérieur.
A peine plus d'un Français sur deux serait favorable au maintien de la France dans l'Union Européenne (1) comment vous expliquez-vous ce chiffre ?
Deux facteurs jouent contre l'Europe. D'abord, les gouvernements nationaux qui accusent Bruxelles de prendre des décisions qu'eux-mêmes ont prises. La Banque centrale européenne, par exemple. On lui reproche souvent de ne pas dépendre de la politique. Pourtant, c'est le gouvernement français qui, à l'époque, a adopté le traité de Maastricht… qui prévoit que la BCE ne dépende pas du politique. Alors on tape sur l'Europe et les fonctionnaires européennes, on dit : «c'est la faute à l'Europe». La deuxième raison, c'est qu'on n'a pas su constituer d'espace politique européen. Pour les élections européennes, la campagne est interne à chaque pays. Entre les grandes forces des différents Etats-membres, il n'y a pas d'affirmation d'un projet pour l'Europe. Même pour le vote du président de la commission européenne. On va voter pour des personnalités, mais quel est le programme de Schultz ? Quel est celui de Juncker ?
D'où ce désintérêt vis-à-vis de ce scrutin, pour lequel certains prédisent 60 % d'abstention(2) ?
Oui. Il y a aussi une forme de déception. Depuis dix ans, il n'y a pas de projet, pas de résultat. Pas de retour à la croissance, pas de partage de la richesse. Et puis on a l'impression que les partis, d'un bord comme de l'autre, ont envie de sauter par-dessus ces élections, qu'elles soient finies. Il n'y a pas de lisibilité, pas de débat. On ne parle pas de l'accord de libre-échange transatlantique, ou le fait qu'à 28 membres, on n'avance plus.
La question du manque de légitimité des élus européens revient souvent sur le tapis. En particulier leur absentéisme…
C'est très relatif. Même si certains viennent juste signer la feuille de présence. En fait, j'ai l'impression que c'est quelque chose de très français…
Autre question qui revient souvent : le manque de pouvoir du Parlement. Est-ce quelque chose que vous avez constaté, quand vous étiez député européen ?
Non. Ce qui m'a frappé, c'est la capacité du Parlement à agir, à négocier les textes. Par exemple, j'ai travaillé sur un texte sur les droits des passagers. La commission européenne avait fait une proposition. Nous l'avons violemment réécrite. Elle a été adoptée par le Parlement sans que la commission ne le modifie.
1. Sondage CSA pour BFMTV et Nice-matin.
2. Selon un sondage OpinionWay.
Il a gardé l'écharpe. Une bande de tissu bleu, frappée des étoiles dorées, que portent tous les parlementaires européens. Il se souvient aussi des discours de plusieurs heures en pleine nuit, des conversations sans interprète dans les couloirs du Parlement européen… entre 2008 et 2009, Michel Teychenné a été député européen. En ce lendemain de la journée de l'Europe, celui qui est aujourd'hui conseiller municipal d'opposition à Pamiersévoque son expérience au Parlement européen. Et livre son ressenti sur les élections européennes du 25 mai, pour lesquelles certains sondages président quelque 60 % d'abstention. Avec le regard de celui qui a vu les choses de l'intérieur.
A peine plus d'un Français sur deux serait favorable au maintien de la France dans l'Union Européenne (1) comment vous expliquez-vous ce chiffre ?
Deux facteurs jouent contre l'Europe. D'abord, les gouvernements nationaux qui accusent Bruxelles de prendre des décisions qu'eux-mêmes ont prises. La Banque centrale européenne, par exemple. On lui reproche souvent de ne pas dépendre de la politique. Pourtant, c'est le gouvernement français qui, à l'époque, a adopté le traité de Maastricht… qui prévoit que la BCE ne dépende pas du politique. Alors on tape sur l'Europe et les fonctionnaires européennes, on dit : «c'est la faute à l'Europe». La deuxième raison, c'est qu'on n'a pas su constituer d'espace politique européen. Pour les élections européennes, la campagne est interne à chaque pays. Entre les grandes forces des différents Etats-membres, il n'y a pas d'affirmation d'un projet pour l'Europe. Même pour le vote du président de la commission européenne. On va voter pour des personnalités, mais quel est le programme de Schultz ? Quel est celui de Juncker ?
D'où ce désintérêt vis-à-vis de ce scrutin, pour lequel certains prédisent 60 % d'abstention(2) ?
Oui. Il y a aussi une forme de déception. Depuis dix ans, il n'y a pas de projet, pas de résultat. Pas de retour à la croissance, pas de partage de la richesse. Et puis on a l'impression que les partis, d'un bord comme de l'autre, ont envie de sauter par-dessus ces élections, qu'elles soient finies. Il n'y a pas de lisibilité, pas de débat. On ne parle pas de l'accord de libre-échange transatlantique, ou le fait qu'à 28 membres, on n'avance plus.
La question du manque de légitimité des élus européens revient souvent sur le tapis. En particulier leur absentéisme…
C'est très relatif. Même si certains viennent juste signer la feuille de présence. En fait, j'ai l'impression que c'est quelque chose de très français…
Autre question qui revient souvent : le manque de pouvoir du Parlement. Est-ce quelque chose que vous avez constaté, quand vous étiez député européen ?
Non. Ce qui m'a frappé, c'est la capacité du Parlement à agir, à négocier les textes. Par exemple, j'ai travaillé sur un texte sur les droits des passagers. La commission européenne avait fait une proposition. Nous l'avons violemment réécrite. Elle a été adoptée par le Parlement sans que la commission ne le modifie.
1. Sondage CSA pour BFMTV et Nice-matin.
2. Selon un sondage OpinionWay.
Recueilli par Nicolas Hasson