Il y aune semaine, le journal Libération publiait une carte de France des collectivités locales ayant contracté des emprunts qualifiés de «toxiques» auprès de la banque Dexia. Pamiers en fait partie.
L'essentiel
25 millions. C'est la valeur de la dette qui pèse aujourd'hui sur Pamiers. La liste des emprunts effectués par la ville est longue. Parmi eux, des emprunts à taux fixes, d'autres à taux variables. Et comme dans plus de 5 000 communes en France, ces derniers sont aujourd'hui pointés du doigt.
Michel Teychenné, élu municipal, président du groupe de Gauche, tire la sonnette d'alarme : « La dette de la ville explosera à 30 ou 31 millions l'année prochaine. Elle est composée d'une grosse part d'emprunts dits « toxiques », souvent contractés auprès de la fameuse banque Dexia, qui est au cœur de ce scandale national ».
« Un risque calculé »
André Trigano, lui, estime à 28 millions la dette de demain et concernant les emprunts auprès de Dexia, il assume et s'explique : « Cela ne représente même pas 20 % de l'emprunt global, les autres emprunts ont été contractés à taux fixes, sans surprise donc. »
Le maire tient à souligner la différence fondamentale avec les autres collectivités locales : « Pour certaines, 90 % des emprunts sont issus des banques comme Dexia, basés sur des taux de monnaies étrangères plus instables, telles que le Franc suisse ou le Yen. Pour Pamiers, une petite part de l'emprunt repose sur les taux des banques américaines -taux LIBOR en dollars américains-, la part de risque est donc bien moindre. »
Si certains maires ont joué les traders, André Trigano assure qu'il a mesuré le risque encouru. Il est tout de même en pleine renégociation avec Dexia concernant les pénalités en cas de croissance subite Outre-Atlantique (LIBOR au-delà de 6,75 %). « Mais ce n'est pas demain la veille », relativise-t-il. Du côté de l'opposition, on est plus que frileux, le groupe de Gauche préconise le solde de ces emprunts trop « dangereux et coûteux ».
Repères / Le chiffre : 60 000 euros par an
C'est l'économie réalisée chaque année, depuis 2008, à Pamiers, suite à l'emprunt réalisé auprès de Dexia, à un taux basé sur le LIBOR.
Comment sortir de ces emprunts ?
Le maire n'augmente pas les impôts. Ce qui inquiète particulièrement Michel Teychenné c'est « ce gros emprunt fait en 2008, de 4,8 millions d'euros, qui se finira en… 2034 ! Il comporte une clause très complexe de multiplication du taux, qui pourrait atteindre des niveaux insupportables. » Il reconnaît que basculer vers un taux fixe sécurisé se ferait au prix d'indemnités colossales. Le maire affirme que l'emprunt s'amenuise et le risque portera sur une somme de plus en plus faible. « Nous n'avons pas augmenté les taux depuis bientôt 10 ans et nous ne le ferons pas. »
LE COMMENTAIRE DE MICHEL TEYCHENNÉ
Le maire minimise les risques... Pourtant Pamiers, grosse cliente de la fameuse Banque Dexia, est dans une situation financière très grave avec des emprunts toxiques qui représentent un quart de la dette. Le maire sous-estime de moitié la croissance de la dette en 2012. Il parle de 3 millions, la réalité est de 5 ou 6 millions. Les chiffres sont têtus et finiront bien par nous donner raison! Le tube de la rentrée à Pamiers c’est « Tout va très bien Madame la marquise » ou, comme disait Louis XV, « Après moi le déluge »... Affirmer que ces emprunts toxiques ont fait gagner 60 000 euros à Pamiers, alors que Libération dans son enquête évalue le surcoût à plus d’ un million et demi d’euros pour la Ville, est absolument pathétique et irresponsable. Par an, la Ville de Pamiers paye 900 000 euros d'intérêts pour sa dette!