Michel Teychenné sera-t-il en 3ème place sur la liste ariégeoise? Réponse le 8 février.
Ancien secrétaire fédéral du parti socialiste ariégeois, ancien député européen, leader de l’opposition à Pamiers, Michel Teychenné est dans l’oeil d’un cyclone politique qui prend désormais la figure d’une affaire privée. Candidat pour les élections régionales au titre de la motion E, il a été « retoqué » sur la liste lors du vote des militants alors que, selon lui, il était arrivé en tête des suffrages. À la suite du recours déposé au conseil national du PS, il est imposé par Martine Aubry quelques jours plus tard. Ce qui provoque l’ire de l’actuel secrétaire fédéral, Marc Carballido et qui fait dire aux socialistes ariégeois (en particulier les conseillers généraux) : « Si Paris nous impose un nom,nous nous mettons en congé du parti ». Un bras-defer donc qui devrait trouver sa résolution dans les jours qui viennent.
Or,voici deux jours que Michel Teychenné a déplacé le débat de façon tonitruante en accusant les élus ariégeois, en premier lieu le président du conseil général,d’«homophobie». A Pailhès, labourant ses champs sur son tracteur et s’occupant de ses chevaux et de ses moutons, Michel Teychenné n’a jamais caché qu’il vivait avec un compagnon. Cet universitaire qui a été un proche de Jospin dans les années « 90 », qui a poursuivi sa carrière d’université en université, de Québec à Foix et de Kuala-Lumpur à Toulouse, est toujous apparu comme l’homme qui dérange dans le paysage politique ariégeois. Un trublion. Un électron libre. Un homme libre qui n’est pas prêt à se plier aux règles locales. Voilà que maintenant, on le retrouve dans toutes les manifestations gays (il a été présent à la gay pride de Bucarest cet automne parce qu’elle était menacée par le pouvoir local) et ce «coming out» correspondrait, selon ses propos,à l’ostracisme dont il est victime auprès des élites politiques ariégeoises. Jamais, pourtant, publiquement ou au cours d’entretien, aucun élu du département n’a fait allusion à l’orientation sexuelle de Michel Teychenné dans un propos. Mais pour l’ancien rugbyman qui ne s’est jamais caché demener ses combats virilement,une homophobie sournoise aurait été sousentendue de longue date par ceux qui refusent de se plier aux exigences venues de Paris.
UNE MOBILISATION DES ASSOCIATIONS
Soutenu par Martine Aubry, Michel Teychenné se targue aujourd’hui d’avoir reçu, depuis le recours qu’il a déposé, de nombreux messages l’incitant à continuer à s’engager dans cette bataille. Vincent Peillon, son collègue de quand il siégeait au parlement européen, Jean Glavany, depuis Tarbes ou tous les représentants de la motion E de la région Midi-Pyrénées lui ont déjà signifié leur appui. En Ariège, des voix aussi se font entendre pour le défendre. Cependant, du côté de la fédération départementale du PS, on n’en démord pas : c’est Emile Franco qui doit rester en troisième place et non Michel Teychenné. Martin Malvy devra donc trancher entre la pression parisienne de Martine Aubry et celle, locale, du PS ariégeois. Et comme les listes doivent être déposées avant le 8 février, il ne reste guère de temps pour tenter de trouver une solution. Cette semaine à Toulouse,Michel Teychenné entend continuer à mobiliser avec, autour de lui,les associations «gay» de la ville rose.
La Dépêche du Midi, 31 janvier 2010 - Jean-Christophe Thomas - Photos DDM, X. Olmos, Archives