A moins de six mois du prochain rendez-vous électoral, en Ariège comme ailleurs, les candidats à la candidature sur les listes régionales fleurissent. Revue de détail des ambitions des uns et des autres.
Et à tout seigneur tout honneur, commençons par la majorité sortante. Le Parti socialiste a effectué, le 1er octobre dernier, la partie la plus facile, c'est-à-dire désigner sa tête de liste régionale. Seul candidat à sa propre succession, le président de la Région Martin Malvy est légitimé, voire plébiscité par les militants - bien en peine cela dit de trouver une figure de la même envergure pour prendre le relais le moment venu, même si comme le relèvent les opposants, le chef de file approchera les 80 ans à la fin de son 3e mandat. Mais, après tout, les anciens ministres socialistes midi-pyrénéens ne courent pas les rues...
Derrière? Là, les choses se compliquent. Le premier fédéral PS de l'Ariège, Marc Carballido, a prévenu : la liste régionale sera établie au niveau... régional. En gros, comme pour la carte scolaire, on va globaliser les effectifs à l'échelon régional, ce qui évitera les petits arrangements locaux. Et par effectif, il faut comprendre « sensibilités » (car on ne dit plus « courants »).
En Ariège, aucun des sortants socialistes (Marc Carballido, Emile Franco, Rolande Sassano) ne veut céder son fauteuil, mais derrière, « ça pousse » : candidats plus ou moins affirmés à la candidature, l'Appaméen Michel Teychenné, l'Axéen Pierre Peyronne, le Lavelanétien Kamel Chibli, « et bien d'autres », nous confiait récemment M. Carballido. Fort de la légitimité du sortant (vice-président de la Région qui plus est), ce dernier paraît incontournable, et devrait prendre le ticket n° 1 pour la partie ariégeoise de la liste. Ensuite, en vertu de la parité, il faudra une femme, sans doute Rolande Sassano la présidente de la Chambre de métiers.
Négociations ardues pour la troisième place
C'est en fait la troisième place qui sera la plus délicate à gérer. Le maire d'Ax, Pierre Peyronne, affiche des ambitions régionales, mais les partisans de Ségolène Royal mettront tout en oeuvre pour qu'elle échoit à un de leurs prétendants. Difficulté. sous-jacente : les « ségolénistes » devront faire leur choix parmi les Chibli, Franco et Teychenné, à tout le moins. Les deux derniers cités, qui siègent tous deux au conseil municipal de Pamiers, ont signé une sorte de pacte de non-agression : « Nous sommes tous les deux candidats à la candidature, expliquent-ils d'une voix unanime, candidatures distinctes, chacun a ses spécificités, mais complémentaires. L'important est surtout que la Basse-Ariège soit représentée dans la liste socialiste. » L'un a la légitimité du sortant, l'autre met en valeur son passage au Parlement européen mais aussi son poids politique, en tant que "patron" régional des partisans de l'ex-candidate à la présidentielle.
Et Kamel Chibli ? Malgré une proximité affichée avec Ségolène Royal, le jeune et ambitieux maire adjoint de Lavelanet pourrait faire les frais non pas de la répartition politique, mais de la répartition géographique. Il se murmure en effet qu'à gauche de la gauche, la sortante communiste Josée Souque pourrait être remplacée par l'élue lavelanétienne Lyliane Cassan - celle-ci pouvant, en cas d'alliance au deuxième tour, intégrer une liste commune Front de Gauche / PS. *
Carballido-Chibli-Cassan en positions éligibles sur une hypothétique liste ariégeoise de gauche unie, cela surreprésenterait le pays d'Olmes-Mirepoix, au détriment des autres territoires du département.
L'argument de la nécessité de représenter la Basse-Ariège sur la liste, mis en avant par le tandem socialiste appaméen, a d'autant plus de poids qu'à droite, une petite révolution semble se dessiner. On l'avait sentie venir en février dernier, lorsque le conseiller régional UMP Paul-Louis Maurat avait réuni comme de coutume militants et sympathisants autour de la traditionnelle galette des Rois. Annonçant sa candidature à une nouvelle élection (il siège à la Région depuis 1998), M. Maurat avait défendu son bilan et son action de façon telle qu'on voyait, dans son collimateur, les ambitions du maire de Saverdun Philippe Calléja - à l'absence remarquée lors de ce meeting.
Depuis, les choses ont bougé, et le désormais patron de l'UMP ariégeoise semble tenir la corde. En recevant coup sur coup en sa mairie de Saverdun le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand et la tête de liste midi-pyrénéenne UMP Brigitte Barèges (dont il est directeur de campagne), Philippe Calléja a clairement dévoilé son jeu : il voudra la première place de la liste ariégeoise. On comprend dès lors la volonté de MM. Teychenné et Franco de ne pas laisser le nord de l'Ariège à la seule UMP...
* Rappelons qu'en 2004, socialistes, communistes et radicaux de gauche avaient fait liste commune dès le premier tour, Frédérique Massat menait liste ariégeoise, Josée Souque occupait la troisième place.
La Gazette Ariégeoise
Antoine Cochet / 23 octobre 2009