5 décembre 2014
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Toulouse-blagnac doit rester européen
Il est assez consternant de constater que l’ Etat qui détient actuellement 60 % du capital de l’aeroport de Blagnac a décidé de vendre 49,9% des parts du capital à un
consortium chinois, Symbiose, composé du Shandong Hi Speed Group et de Friedmann Pacific Investment Group (FPIG), un puissant fonds d’investissement
basé à Hong-Kong.
Cette opération de vente des participations de l’Etat engagée en 2011 par le gouvernement Fillon trouve sa première concrétisation en région à Toulouse avec l’assentiment plus ou moins forcé de la région Midi-Pyrénées, et avec un soutien non dissimulé du maire de Toulouse et président de l’Agglo. Pourtant, des investiseurs français et européens étaient sur les rangs. Les trois derniers soumissionnaires qui concourraient étaient Aéroports de Paris (ADP), Vinci et Natixis, face au fond de pensions chinois. Ils ont été éconduits par M. Macron, ministre de l’Economie. On ne peut que le regretter, d’autant que le projet économique des fonds de pensions chinois est peu clair : ils veulent constituer un “hub” vers la Chine, alors qu’au même moment M. Macron dans la presse régionale indique que “leur projet comporte des nouvelles liaisons vers l’Europe, l’Afrique du Nord mais aussi l’Amérique du Nord et la Chine dans le respect des contraintes réglementaires et environnementales. Mais il ne s’agit pas de constituer un hub...”!
L’Aéroport de Blagnac est un équipement stratégique sur le plan industriel en Europe. Il est mutualisé avec les usines d’Airbus Industrie,premier constructeur européen d’avions.
Alors que l’année dernière le gouvernement américain s’est opposé à la vente de ports maritimes de commerce à des sociétés chinoises au nom de la défense des interêts stratégiques des USA, on est en droit de s’interroger sur l’opportunité de la vente d’un outil commercial et industriel, si important pour notre industrie régionale et européenne.
Enfin,au moment où le gouvernement français suspecte l’ambassade de Chine à Paris d’avoir installé un réseau d’écoute et d’espionnage sur le toit d’une de ses annexes en région parisienne, on est en droit d’être inquiet du choix du gouvernement de privilégier ces entreprises chinoises au détriment de sociétés françaises sur un dossier aussi sensible.
Et tout cela pour 308 millions d’euros encaissés par le ministère de l’Economie : une opération à courte vue... Pour toutes ces raisons, il faut suspendre la cession des parts de l’Etat dans l’Aèroport de Toulouse et trouver d’urgence une solution européenne qui préserve l’avenir commercial et industriel du site et de ses sous-traitants.
Michel Teychenné
Ancien député européen et membre de la commission “Transports”
Conseiller municipal de Pamiers