Elections municipales à Pamiers : André Trigano candidat à sa propre succession
Le suspens savamment entretenu a pris fin ce samedi matin. André Trigano n’a pas cherché à ménager ses effets face aux journalistes qu’il a conviés à une conférence de presse d’une trentaine de minutes. Plus de temps aurait-il était nécessaire ? Pas sûr, tant l’homme était préparé à livrer ses vérités.
«Je suis candidat à la mairie de Pamiers. Oui, je me présente», lâche-t-il d’emblée.
« Je crains que ce qui a été fait depuis dix-huit ans ne soit pas poursuivi. Je crains aussi les gens qui promettent aujourd’hui ne soient pas des gens qui réalisent. Pamiers n’a pas besoin de cela, assène le premier magistrat. Depuis 1995, je travaille avec une équipe qui a beaucoup fait bouger Pamiers. Cela doit continuer. C’est ma première motivation »
André Trigano estime donc être le plus apte à présider aux destinées de la Cité des Trois clochers. Au-delà de toute appartenance politique. «Je crains que l’on ne politise à nouveau la ville comme ce fut le cas au cours des mandats précédents. Moi, je ne suis pas politisé, je ne l’ai jamais été. Je n’ai pas besoin de demander l’investiture.
Moi je n’ai demandé l’investiture de personne. Je n’ai donc de compte à rendre à aucun parti. Quand je pense que Pamiers pourrait être tenue par une liste politique dans trois mois, cela me fait froid dans le dos ! » Voilà Alain Fauré et le Parti socialiste habillés pour l’hiver. Et la campagne.
Conscient que son âge suscite déjà bien des commentaires (88 ans depuis le mois de septembre dernier), l’homme aborde le sujet sans fard et sans langue de bois. «Je me présente pour aller au bout du mandat, pas pour laisser la place en cours de route à tel ou tel. Je veux garder les rênes tant que j’aurai la tête pour le faire. Pour le moment, le corps ne me permet plus de gambader mais la tête va plutôt bien»
"La jeunesse n’est en aucun cas le gage d’une quelconque compétence"
Pour la jeunesse («qui n’est en aucun cas le gage d’une quelconque compétence»), il s’en remet à ses futurs colistiers. «Je vais m’investir avec une liste renouvelée, annonce l’ancien député-conseiller général-conseiller régional. Il y aura des anciens, mais aussi des candidats de l’extérieur. D’ailleurs, vous aurez sans doute une surprise… Je ne rejette pas ceux qui m’ont accompagné au cours des années mais il faut évoluer.
A ce propos, je précise que Mme Espana (adjointe à l’éducation NDLR) est bien partie. Elle m’a dit qu’elle s’était fâchée avec quelqu’un, mais pas avec moi... Elle va chez Fauré après m’avoir juré qu’elle m’adorait, que j’étais le meilleur. Bref, je ne trouve pas cela très élégant. Pour le reste, je n’éjecte personne.
Certains vont partir car ils prennent des activités hors du conseil municipal, certains n’ont plus de disponibilité, ils veulent faire autre chose. Il n’y en a que deux ou trois pour lesquels je ne ferai pas d’effort pour les retenir ! »
L’entrepreneur aux multiples succès* a clairement identifié le credo de sa campagne. «L’emploi reste pour moi la priorité. En 1995, j’avais promis que je faciliterai la création de 500 emplois, à ce jour nous en sommes à 2284 emplois supplémentaires, soit une progression de 66 % en 16 ans. Si l’on prend le département, il est loin d’avoir progressé de la sorte ; la France, elle, en est très loin... J’estime qu’avec 220 entreprises nouvelles installées sur Pamiers, nous avons tenu nos promesses»
Et de poursuivre : «Avec cette économie, on a généré beaucoup de taxe professionnelle, de recettes qui nous ont permis d’investir. De 1995 à 2013, on a investi près de 100 millions d’euros, avec la priorité aux zones d’activités. Mais on a aussi fait des équipements majeurs, on a le plus beau tissu d’écoles du secteur, toutes les crèches dont les gens ont besoin, on a une cantine bio depuis 2000, on a fait beaucoup de choses dans le sport… On a des industriels qui voudraient s’implanter mais leur difficulté ce n’est pas Pamiers, ce sont les banques et les financements»
"Moi, quand je commence je vais au bout"
Moi, quand je commence je vais au bout !Devançant les questions qui fâchent, André Trigano démontre que sa combativité n’est pas réservé aux seuls conseils municipaux qu’il dirige depuis 1971** !
Le centre-ville se meurt ? «On le dit, mais c’est faux ! On a fait des choses, des aménagements, des opérations de rénovation, acheté des immeubles, mais les choses sont longues à se mettre en place. Aujourd’hui, si je me représente c’est bien parce qu’il faut finir ce que l’on a commencé. On a encore besoin de six ans. Moi, quand je commence je vais au bout»
Le maire est davantage présent à Paris qu’à Pamiers ? «J’ai entendu que l’on me reprochait de ne pas être là tous les jours. Mais à quoi ça rime de dire qu’on est là tous les jours, si c’est pour s’enfiler des whiskies ou aller boire un coup avec les copains au café ? Ce n’est pas ma conception de la gestion de la vie locale. Je dors très peu, j’ai donc le temps de réfléchir. Quand je ne suis pas là, je téléphone, je reste en contact. Oui, je suis un maire présent !»
Présider la communauté de communes, un poids trop lourd ? « Pfft… Je serai candidat à la présidence de la communauté de communes car elle a besoin d’avoir un élu de Pamiers à sa tête. Sinon, on connaîtra les mêmes difficultés que précédemment. Aujourd’hui, Pamiers a une communauté de communes qui travaille dans l’union. Elle travaille intelligemment, avec dynamisme et dans une très bonne ambiance. Je crains que la communauté de communes se disloque un petit peu, qu’elle travaille moins bien... »
Le Front National ? «Ma position est très claire. La démocratie dit que tout le monde peut se présenter. Ils sont donc libres de le faire. Moi, je ne m’associe avec personne. S’il y a quatre ou cinq listes, il y en aura quatre ou cinq. Ce n’est pas un problème. S’il y en a trois, il y en aura trois. M. Fauré pense qu’il n’y en aura que deux. Nous verrons bien…»
«Les gens veulent qu’on leur donne de l’amour, qu’on leur donne de l’affectation et moi je leur en donne, conclut emphatique André Trigano. Moi, j’ai la passion. Tant qu’elle est là, je continue»
Quelques minutes après cette conférence de presse, le maire de Pamiers a rendez-vous sur le podium de l’émission de télévision «La Voix est libre» sur France 3, présentée en direct depuis la place de la République. Face à lui Alain Fauré avec lequel les fleurets ne sont pas restés mouchetés bien longtemps.
La campagne pour les municipales à Pamiers est bel et bien lancée.
* Il a néanmoins confirmé avoir cédé les commandes de son groupe au cours du mois de juillet 2013. « Je suis donc disponible ! ».
** André Trigano a été maire quatre mandats durant à Mazères (1971-1995) avant d’occuper le fauteuil de premier magistrat de la ville de Pamiers.
Pamiers. Trigano annonce sa condidature aux municipales
Publié le 01/12/2013 à 03:51, Mis à jour le 01/12/2013 à 09:27 |
André Trigano annonce sa candidature aux municipales
André Trigano veut «terminer ce qui a été commencé. Et il me faut six ans de plus !»/ Photo DDM, JPHC.
Vous voilà donc en lice pour un quatrième mandat. Pourquoi ce nouveau challenge ?
«Je suis disponible, ma présence au conseil d’administration de la CIAT, mon entreprise, me prend peu, j’ai du temps à consacrer à ma ville, je veux finir ce que j’ai commencé, je ne veux pas de la politisation de Pamiers, ni de la communauté de communes. Enfin je suis un homme libre qui n’a pas à demander l’investiture ! L’idée que Pamiers puisse être tenue par une liste politique ça me fait froid dans le dos.»
Vous mettez en avant un bilan qui fonde cette nouvelle candidature ?
«De 1995 à aujourd’hui, Pamiers a beaucoup bougé. La création d’emplois, c’est à Pamiers 66 % de plus en 16 ans ! L’Ariège et la France n’en ont pas fait autant ! J’ai tenu ma promesse, et 220 nouvelles entreprises ont été installées sur Pamiers,où elles ont généré des recettes fiscales. Cela nous a permis d’investir 100 millions d’euros entre 1995 et 2013, on a équipé la ville à tous les niveaux, écoles, crèches, sports, cantine bio, zone d’activités. Le centre-ville, contrairement à ce que l’on dit, on s’en est occupé, d’abord en matière de commerce et aussi en matière d’habitat, mais ce type de rénovation, c’est long à mettre en œuvre, il faut donc poursuivre et finir ce qui a été commencé !»
Quels seront donc les axes de votre programme ?
«Ma politique pour le prochain mandat, avec mon équipe, ce sera priorité au centre-ville sans abandonner l’économie, bien entendu. Et aussi améliorer l’offre de logements en centre-ville pour amener une nouvelle clientèle. Pour cela il me faut six ans de plus.»
Avec qui allez-vous mettre en œuvre cette politique, quelle sera votre prochaine équipe si elle est élue ?
«Que les choses soient claires, j’ai l’intention de faire mon mandat en entier, je ne vais pas céder en cours de route la place à l’un ou à l’autre. Je ne ferai pas le marchepied à qui que ce soit, je ne l’ai jamais fait de toute ma vie ! Je vais faire une équipe, dans celle-ci il y aura bien entendu mon successeur. Elle sera renouvelée, panachée d’anciens élus qui veulent continuer à mes côtés mais aussi de candidats extérieurs, connus pour leur dynamisme et leur capacité à apporter des idées ! Il peut y avoir des gens qui aient des idées politiques, mais avec moi, on est sans étiquette. C’est la règle ici. Ma fierté, dites-vous le bien, c’est d’avoir dépolitisé la ville et la communauté de communes .»
Aussi, êtes-vous candidat à la présidence de la communauté de communes ?
«Oui, je suis aussi candidat à la présidence de la communauté de communes, car il est nécessaire qu’un élu de Pamiers soit à sa tête. D’ailleurs, elle marche très bien, on y travaille dans une excellente ambiance, une véritable union, je souhaite que cela se poursuive !»
Et quid des autres listes ?
«À gauche, ils se cherchent, Fauré est persuadé qu’il va être seul candidat à gauche. Il est investi par le PS, mais il dit partout qu’il est d’abord candidat sur son nom !»
Et le FN ?
«Vous savez moi, je suis un démocrate, tout le monde peut se présenter. En ce qui me concerne, j’ignore les alliances, je n’en ai jamais fait avec personne. D’une certaine façon, je suis un insoumis, je ne suis l’associé de personne !»
Et à ceux qui disent «que c’est le mandat de trop», vous leur répondez quoi ?
«Je sais, certains disent que je serai battu à plate-couture, est-ce le mandat de trop ? Ça ne veut rien dire, cela fait 17 ans que j’entends ça. J’ai 80 ans et quelques années de plus… et alors ? Moi, j’ai la santé, la passion, l’envie, et cela suffit pour réussir. J’ai envie de travailler pour continuer !»
Pamiers. Fin du suspense !
Voilà, la messe est dite : André Trigano est candidat à sa propre succession. A 88 ans, le maire de Pamiers a finalement décidé de ne pas raccrocher et, en mars prochain, il conduira une nouvelle liste aux élections municipales. L’âge, de toute évidence, n’aura pas été un frein à sa décision : il a souvent dit que pour lui, l’heure de la retraite n’avait pas sonné. Le voilà donc lancé dans une nouvelle campagne, avec une équipe refondue, mais avec sa garde rapprochée qui, elle, reste inchangée. «Certains disent que c’est le mandat de trop» ! Mais voilà 17 ans qu’à Pamiers, ils le disent ! Quand on a la santé, la passion et l’envie, on réussit !» estime André Trigano. Se disant disponible, déterminé à terminer ce qu’il a commencé, et plus que jamais détaché des alliances et des étiquettes, voilà tel que se présente le maire de Pamiers. Il lui reste à convaincre les Appaméens de sa détermination à mener Pamiers par d’autres chemins, dont celui d’une réelle rénovation du centre-ville, que tous les candidats appellent de leurs vœux.
Face à qui ?
Quels candidats d’ailleurs ? Le maire sortant va trouver en face de lui celui qui a d’ores et déjà reçu l’investiture du Parti socialiste, le député Alain Fauré, qui va faire campagne au centre gauche, en évitant, autant qu’il le pourra, d’égratigner André Trigano dont il se plaît à souligner les mérites. À gauche, on devrait trouver encore Michel Teychenné, l’opposant historique au maire sortant. En quelle compagnie sera-t-il ?, telle est la question. Encore à gauche, le Front de gauche, dont on sait qu’il cherche à former une liste.. A la charnière se trouvent également les Verts, dont Jacques Arthuys a annoncé qu’il conduirait la liste, à moins qu’il ne trouve un accord à gauche, car avait-il dit voilà quelques mois : «Toutes les options sont sur la table !».
Reste enfin, à l’opposé de l’échiquier, le Front national, qui a commencé à manifester quelques velléités par une distribution de tracts, voilà quelques semaines, et qui pourrait monter une liste sur Pamiers, à la condition de trouver des candidats. D’ailleurs, cette quête aux candidatures est lancée depuis longtemps maintenant. Elle n’est pas aisée en raison de la nécessité de trouver autant d’hommes que de femmes. Et au bout du compte, près de 200 personnes sur la ville, ce qui n’est pas évident. Bref, voilà au moins une situation clarifiée avec la candidature d’André Trigano, déterminé à briguer un 4e mandat à Pamiers.
J.-Ph.C