Depuis des mois, le Groupe de gauche dénonce les graves dérives financières de l’École de Musique : un déficit annuel de 600 000 euros et le projet somptuaire d’un nouveau bâtiment « hors de prix » de deux millions d’euros, à la seule charge de la Mairie et sans aucune subvention.
La moitié des 350 élèves sont extérieurs à Pamiers. L’École de Musique a une vocation intercommunale. Elle doit être prise en charge par la Communauté des communes du Pays de Pamiers (CCPP), et non par le seul budget de la Mairie de Pamiers.
Les tarifs doivent être les mêmes pour tous les habitants de la Communauté de communes. Le Groupe de gauche refuse la sélection par l’argent pour l’accès des jeunes à la musique. Il demande au maire-président de la CCPP que ce soit la Communauté des communes qui prenne en charge l’École de Musique, une tendance générale ailleurs en France. Pour l’instant, c’est un refus absolu. Les Appaméens apprécieront la méthode... et les factures!
Michel Teychenné
Groupe de gauche
Douche froide pour beaucoup de parents des élèves de l'école de musique: pour certains, les frais d'inscription passent de 210€ à 300€.
Les familles des élèves de l'école de musique devront sortir, pour certains, près dune centaine d'euros de plus que les années précédentes, s'ils veulent continuer à suivre des cours à Pamiers. Une hausse particulièrement marquée pour les élèves n'habitant pas la commune. «Le prix passe, pour eux, de 210€ à 300€ pour l'année, détaille Patricia Héon, présidente de l'association des parents d'élèves de l'école. Pour les Appaméens, la hausse est de 25 à 30%. Plusieurs familles se demandent si elles vont pouvoir inscrire leur enfant cette année. En outre, plus de la moitié des élèves de l'école de musique n'habitent pas la commune. Cette augmentation pose vraiment la question, pour nous, de la démocratisation de la culture à Pamiers», poursuit Patricia Héon.
Les parents se sont mobilisés, et quelques uns ont témoigné de leur colère, par écrit. Les doléances en question devraient être présentées à la municipalité dans les plus brefs délais. Roger Ribaute, conseiller municipal, estime que c'est aux familles de faire le nécessaire afin de payer une somme moindre: «Il suffit qu'elles aillent trouver le maire de leur commune afin que celui-ci leur accorde une aide financière.» En face, les parents rêvent d'une gestion intercommunale, qui simplifierait les choses, mais savent pertinemment que «la mairie de veut pas en entendre parler. Mais il faudrait au moins que les communes passent une convention avec l'école», suggère la représentante des parents d'élèves.
«Je ne comprends pas pourquoi la piscine propose des tarifs pour les habitants des communes alentours, et pas l'école de musique, objecte ce père de famille de La Tour du Crieu, dont, cette année, un seul de ses enfants suivra des cours de musique. Il y a une réelle inégalité à ce niveau. L'enseignement est de grande qualité, mais on tend vers l'élitisme.» Le mot est lâché.Les parents paieront-ils alors le prix fort cette année ? Démarcheront-ils le maire de leur commune? La municipalité appaméenne n'est, en tout cas, pas inquiète. «Les inscriptions ne vont pas diminuer, c'est certain. La réputation de notre école est plus forte, d'autant plus avec l'agrément que nous venons d'obtenir (lire ci-dessous), affirme Roger Ribaute. Et de toutes façons, nous sommes encore bien au-dessous des tarifs classiques.»
Repères
Prêts d'instruments : ont-ils diminué avec les CHAM?
L'association des parents l'élèves de l'école de musique pointe également du doigt la baisse du nombre de prêts d'instruments aux élèves. D'après eux, «cela est du aux classes à horaires aménagées, les CHAM, qui existent depuis deux ans. La plus grande partie des instruments sont prêtés à ces élèves, les manuels sont également gratuits pour eux.»
Roger Ribaute dément l'affirmation: «Les personnes qui disent cela sont jalouses. Les CHAM ont été mal acceptées, c'est vrai. Pourtant, le prêt se fait toujours de la même façon, autant aux élèves classiques, qu'aux élèves des CHAM.» Les jeunes musiciens bénéficient donc du prêt d'un instrument, pendant leur première année d'apprentissage. De quoi éviter un investissement trop important aux familles et permettre à l'élève de ne pas s'engager dans la pratique d'un instrument dès le premier jour.
Pamiers. La ville reçoit l'agrément pour transformer l'école en un conservatoire
La Ville de Pamiers vient tout juste d'apprendre la bonne nouvelle: son école de musique devient désormais conservatoire. «Nous avons reçu l'agrément ministériel «conservatoire à rayonnement municipal», précise Roger Ribaute. Nous l'avons obtenu pour une durée de cinq ans, reconductibles.»
Pour les responsables de l'école, il s'agit là d'une vraie récompense, «une grande nouvelle», pour reprendre les mots de l'élu. «C'est l'aboutissement de tout un travail que nous menions depuis longtemps.»
Qu'est ce qui justifie alors un tel agrément? Pour Roger Ribaute, «les classes à horaires aménagés y sont pour beaucoup, mais d'une façon générale c'est note réputation, obtenue notamment grâce au travail de Monsieur Goudy qui est récompensé. » Pour le public, le changement ne sera pas flagrant. On pourrait facilement croire que l'augmentation des tarifs d'inscription est liée à ce nouveau statut, mais la municipalité est formelle, «ça n'a rien à voir.» Du côté des enseignants, travailler dans un conservatoire implique pour eux de posséder un diplôme d'état.
Le côté honorifique de l'agrément conforte ainsi la municipalité dans l'idée que «Pamiers est la ville de la musique. Nous l'avons bien montré, et avec les nouveaux locaux dans lesquels nous installerons le conservatoire, d'ici un an, cela continue.»
La Dépêche du Midi, 22 septembre 2011