Blog de Michel Teychenné, universitaire, ancien député européen, président du Groupe de gauche à la Mairie de Pamiers (Ariège 09)
Alors que l’on fête les 900 ans du nom de Pamiers dans la discrétion, en catimini, un joyau de l’architecture du XVIIe siècle est mis en vente : 2 800 mètres carrés de bâtiments historiques, en parfait état grâce aux soeurs Carmélites, et un demi-hectare de jardin sont mis sur le marché immobilier dans l’indifférence.
Nous regrettons que le somptuaire projet de déménagement de l’École de musique, qui va coûter au moins deux millions d’euros, ait été précipité. La logique et la bonne gestion auraient permis, si la Municipalité n’avait géré cette affaire à la hussarde, que l’actuel bâtiment de l’École de Musique soit rénové et agrandi sur une partie du Carmel dont il est mitoyen.
Avec deux millions d’euros, la Ville pouvait rénover et agrandir l’École de Musique et acheter aussi le Carmel. Mais cela ne sera pas le cas puisque ces crédits iront financer, sans subventions, ce projet de déménagement qualifié de « folie des grandeurs ».
Le Carmel, ce fleuron du patrimoine appaméen mais aussi ariégeois et national, est un des très rares carmels absolument intacts depuis le XVIIe. Il doit être rendu aux Appaméens. Il doit être ouvert et utile à tous, il ne doit pas être cédé à des promoteurs immobiliers. Il est un élément structurant de la redynamisation du centre-ville.
Pamiers n’est pas une ville touristique. Malgré les efforts méritoires de l’Office du Tourisme, il y a très peu de choses à visiter. Pourtant, sur le Castella, Pamiers possède un ensemble patrimonial des XVIIe et XVIIIe siècles exceptionnel, qui mérite d’être valorisé et ouvert au public.
Le Carmel doit devenir un pôle touristique et culturel. Il peut accueillir les nombreux projets, toujours retardés par la municipalité et dont Pamiers a besoin pour se développer en matière de tourisme et de culture, l’espace muséal Gabriel Fauré , les collections privées qui demandent à la Mairie des espaces d’exposition, et aussi un ensemble de salles de conférence, de concert et d’exposition qui font cruellement défaut. Il peut aussi accueillir simplement les promeneurs, avec ses superbes jardins en terrasse, son magnifique cloître, et le plus beau panorama sur la ville et sur les Pyrénées depuis la majestueuse tour du XIIIe siècle. Le Carmel doit revenir aux Appaméens.
Un projet global doit être élaboré, réfléchi, discuté, établi par tranches de réalisations avec une vue, une ambition globale. Mais nous n’en sommes pas là! L’urgence est de se mobiliser pour éviter que ce trésor patrimonial ne soit vendu et dépecé.
Nous sommes conscients du mauvais état des finances de la Ville et de sa dette énorme, mais nous avons aussi conscience que c’est un moment unique et que cette occasion ne se représentera pas . Si la Ville n’agit pas, si le Carmel n’est pas acquis dans les mois qui viennent à son juste prix – l’évaluation des Domaines, soit environ 750 000 euros y compris la chapelle pour l’instant retirée de la vente,cela correspond à la somme que la Mairie a voté pour « arranger » le parking des Trois Pigeons –, une occasion historique sera perdue. Il s’agit d’un choix politique majeur qui va engager l’avenir.
En élus responsables, les membres de l’opposition municipale ont déjà su se faire entendre sur d’autres dossiers, comme sauver l’abattoir d’une vente pour un euro, bien qu’il faille parfois taper sur la table.
Aujourd’hui, nous proposons au Maire de Pamiers et Président de la Communauté des Communes du Pays de Pamiers (CCPP) , pour acheter le Carmel, d’utiliser une procédure financière qui fonctionne bien : la Mairie préempte pour le compte de la CCPP, qui finance l’acquisition au titre des « Réserves Foncières Urbaines » comme la CCPP le fait actuellement sur îlot Sainte-Claire. Cette procédure a l’avantage de ne pas grever les finances de la Ville pour l’achat, de pouvoir aller chercher des subventions et aussi d’impliquer la CCPP, qui a délégation de la Ville pour ces opérations. Je rappelle que Pamiers représente 80 % des recettes de la CCPP. Il ne serait donc pas injuste ni anormal que la CCPP achète le Carmel et participe à ce futur projet structurant pour dynamiser le centre historique de Pamiers, pour le développement du tourisme et la culture dans l’Appaméen.
Le Carmel doit être sauvé des appétits des promoteurs. La municipalité ne peut fêter le 900ème anniversaire de Pamiers et laisser en même temps partir le plus beau joyau architectural de la ville!
Michel Teychenné
Pour le Groupe de Gauche
« Authentique Carmel du XVIIe siècle, avec son cloître, et une tour XIIIe, posé au cœur d'une cité de Midi-Pyrénées. Un lieu unique, offrant des volumes importants organisés autour du cloître, et de trois jardins suspendus avec vue sur les Pyrénées. » Ca y est, le Carmel de Pamiers est en vente sur Internet. Plus de 2 800 m² habitables, en plein cœur de la cité des trois clochers. C'est tentant. Sur le site www.maisons-et-chateaux.com, on peut même faire le tour du propriétaire et découvrir le prix demandé : un million d'euros.
Faire baisser le prix
« Une somme démesurée » pour André Trigano qui affirme vouloir « éviter de perdre ce trésor historique sans pour cela faire payer le prix au contribuable appaméen. » Michel Teychenné, élu du groupe de gauche se dit inquiet de voir ce « joyau de l'architecture du XVIIe » risquer de tomber dans les mains d'un promoteur peu scrupuleux. Alors pour avancer ensemble, le maire a ouvert la porte à l'opposition sur un sujet qui a souvent divisé. Quand le groupe de gauche y voyait un centre culturel, la mairie déclarait « garder un œil dessus ». L'un pressé, l'autre tranquille. En tout cas, hier, André Trigano et Michel Teychenné se sont entretenus.
« Il faut agir vite pour ne pas laisser s'envoler cet élément incroyable du patrimoine appaméen, déclare le président du groupe de gauche. Le Carmel pourrait devenir une réserve foncière qui serait achetée par la communauté de communes. Le bâtiment serait ensuite rénové par tranches pour équilibrer les dépenses. » A voir. Le maire ne semble pas fermé à cette idée mais, en homme d'affaire averti, il souhaite d'abord faire baisser le prix de vente. L'objectif serait de pouvoir en faire un lieu touristique et c'est au moins un élément sur lequel les deux hommes sont tombés entièrement d'accord.
PRÉCISION DE MICHEL TEYCHENNÉ CONCERNANT CET ARTICLE DE LA DÉPÊCHE
Concernant l’achat du Carmel, je ne suis pas « pressé », mais simplement prudent. J’estime que la Mairie et la Communauté des communes doivent prendre contact avec la congrégation religieuse propriétaire et faire une offre précise et raisonnable, y compris pour la chapelle actuellement hors de la vente. Le prix demandé aujourd’hui est excessif. La Mairie doit se réserver le droit de préempter si nécessaire. Quant au soi-disant chiffrage des travaux par Roger Ribaute, il tient plus des prédictions de Madame Soleil que d’un travail sérieux, puisque rien n’est décidé. Le projet touristique et culturel du Carmel est à imaginer.