Victoire de Benoît Hamon
LA GAUCHE RELÈVE LA TÊTE
La large victoire de Benoît Hamon est la victoire de « la gauche qui relève la tête ». Après ce quinquennat où le libéralisme a trop souvent occulté le social, il aura fallu la mobilisation du peuple de gauche pour envoyer un message clair aux dirigeants et aux parlementaires du PS pour leur rappeler qui les avait élus, et pour quelle politique. A Pamiers aussi, Benoît est majoritaire avec 54,2%.
Pour avoir été parlementaire européen avec Benoît Hamon, pour avoir avec lui, Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, participé à la création de la sensibilité Nouveau Parti Socialiste, je connais ses qualités humaines et politiques.
Si deux millions de votants donnent à Benoît Hamon une dynamique populaire et une légitimité incontestables, il n’en reste pas moins que la machine à perdre du PS peut se mettre en marche à tout moment : déjà en Ariège., les premières déclarations d’un parlementaire sortant sont menaçantes et revanchardes!
Comme je l’ai toujours fait, j’appelle au rassemblement de la gauche. J’appelle au dialogue entre ses candidats et à la mise en place d’un contrat de gouvernement pour éviter que les appareils politiques, ou ce qui en reste, torpillent le formidable élan de ce dimanche, avec pour seul objectif de se survivre à eux-mêmes! Face à ces petits calculs mesquins, soutenons Benoît Hamon pour une gauche fière de ses valeurs, Une gauche lucide qui se rassemble sur les vrais enjeux de l'avenir.
Michel Teychenné
Ancien député européen
Conseiller municipal et communautaire de Pamiers
L'Ariège bascule. Benoît Hamon remporte le second tour de la primaire de la gauche avec 52 % des suffrages devant Manuel Valls qui est crédité de 48 % des voix.
Benoît Hamon l'a fait. Il sort vainqueur du second tour de la primaire de la gauche en Ariège. Au final, il recueille 52 % des suffrages devant Manuel Valls crédité de 48 %. Le département n'échappe pas à la vague nationale en faveur de Benoît Hamon.
Une vague un peu amortie en Ariège qui avait positionné Manuel Valls en tête avec 9 % au premier tour a finalement basculé en faveur du représentant de l'aile gauche du Parti socialiste. Hamon l'emporte dans 20 des 35 bureaux de vote locaux. Il a, semble-t-il, bénéficié à plein des reports de voix du camp d'Arnaud Montebourg crédité tout de même de 16,3 % au premier tour. Manuel Valls a progressé également mais a sans doute bénéficié de moins de reports.
La campagne entre les deux tours n'a pas porté les résultats escomptés, notamment du côté du camp de Valls soutenu par la fédération départementale.
Participation en hausse
Côté, participation, les militants et sympathisants de gauche ariégeois ont été plus nombreux à se déplacer jusqu'à l'un des 35 bureaux de vote.
Ce sont quelque 1 837 électeurs supplémentaires qui ont voté. Il semble que les deux camps ont mobilisé et bénéficié de nouvelles voix. Dans le détail, on constate que la haute Ariège est restée fidèle à Manuel Valls qui totalise 54,5 % à Ax, 62,3 % aux Cabannes. A Luzenac, par contre, c'est une totale inversion des tendances du premier tour. Benoît Hamon double littéralement son score pour dépasser Manuel Valls. Il reste maître également à Saint-Girons ou Pamiers 2. De son côté, Benoît Hamon créé la surprise à Foix qu'il emporte et garde des villes comme Saverdun, Pamiers ou Sainte-Croix-Volvestre où il totalise 61,5 % des votes. À Saint-Girons 2, il fait même mieux avec 62,3 % des suffrages. Tous ces électeurs iront-ils voter pour Benoît Hamon aux présidentielles ? Pas si sûr. Des gens sont allés voter pour clairement éliminer Valls de la course à la présidentielle.
Et après…
Le résultat pose un certain de questions sur les rapports de force qui vont désormais opérer au sein des instances du Parti socialiste. Les partisans d'Hamon «réclament du changement au sein des instances fédérales.»
De son côté, Jean-Christophe Bonrepaux, premier secrétaire fédéral, prend acte du résultat. Mais attention, prévient-il, on n'est pas dans l'élection pour le congrès. «La ligne politique du parti n'a pas changé même s'il faudra tenir compte des résultats de ce soir», souligne le premier secrétaire fédéral qui espère que Benoît Hamon sera en mesure de rassembler son camp avant de rassembler les Français. L'arbitrage des deux lignes politiques antagonistes se fera au moment du congrès après les présidentielles et les législatives. Le résultat d'hier soir n'est pas de nature à remettre en cause l'investiture des titulaires officialisés, selon Jean-Christophe Bonrepaux : «Pour les suppléants, le résultat d'hier soir devra être intégré.»
Au-delà, le premier secrétaire fédéral constate que «la société change, il faut que le Parti socialiste évolue.»
Les réactions
Alain FAURÉ > Je respecte ce vote. Nous savions depuis dimanche que les choses seraient difficiles. Ce qui est sûr, c'est que je ne suis pas ravi de voir cette situation. Je suis membre d'un parti et je respecte ce vote. Nous resterons unis. Peut-être mettra-t-on autant de cœur à le soutenir que lui en a mis à accompagner notre politique. Mais je ne vais pas me laisser aller dans une notion de désaveu. Ceux qui sont allés voter ne voteront pas forcément pour lui. Il y a eu des stratégies. Maintenant, nous verrons bien.
Martine ESTEBAN > Derrière le candidat. Je suis forcément déçue car je soutenais Manuel Valls. Je soutiendrai Benoît Hamon car pour moi, la discipline veut dire quelque chose. Je serai derrière le candidat du PS sans état d'âme. Quelque part, c'est un désaveu de la politique menée car Valls en était porteur.
Michel MONCEAU > Il faudra du changement. Je suis très content. Le vote a bien évolué entre le premier et le second tour, notamment sur l'Ariège. Maintenant, il faut voir comment les choses vont s'organiser. Il faudra qu'il y ait du changement, une ligne a été définie. Il n'y a pas matière à se précipiter, les choses se sont bien passées ici. Il faut attendre et voir ce qui doit se passer au niveau local.
Jean-Christophe BONREPAUX > Faire barrage à la droite dure. Je suis déçu, je pensais que Manuel Valls était en capacité de remporter l'élection présidentielle. Mon regret est que ce ne soit pas la gauche réformiste, gouvernementale crédible qui ait été choisie. Il faut entendre le message des électeurs. J'en prends acte. Nous serons tous derrière le candidat de la Belle alliance populaire. Nous allons tout faire pour qu'il se qualifie et faire barrage à la droite dure et à l'extrême droite. À lui de savoir rassembler son camp en amendant son projet et en ayant un regard plus objectif sur le bilan du quinquennat. Il faut valoriser ce qui a été fait. Nous entendons la critique exprimée sur le bilan de manière générale, mais il faut garder un regard lucide. Je lui souhaite bonne chance.